Les artistes francophones ont du talent :
« Les amphores » :
deux tableaux du peintre René Bobo-Diaz
Le CFB interroge, aujourd’hui, deux
œuvres présentées lors de l’exposition annuelle (juin 2023) de l’atelier
municipal de peinture du Creusot, animé par Madame Blandine Béliard,
professeure.
René Bobo-Diaz confie que travailler en groupe stimule et fait progresser.
Dans ce 1er tableau, ce qui
saute aux yeux, à l’évidence, ce sont ces trois grosses amphores ocre/rouge qui
prennent presque toute la place et le rose d’une ébauche féminine.
Les amphores posées comme en vrac, orientées
différemment et l’eau couleur blanche qui s’en écoule. Amphores rondes comme
l’élément féminin qui les exhibe bien haut.
Rondeur que l’on retrouve, un brin
érotique, avec la représentation du bas du corps d’une femme dont on ne verra
pas le visage. Bas du corps plus précis ; le triangle pubien, la hanche
bien arrondie et le sein gauche dont le mamelon est orienté vers les amphores
comme une autre amphore. Et le bras sous les amphores ressemble à une autre
amphore. La chevelure en forme de nuage coule comme l’eau plus bas, auréolée de
bulles d’air.
Les couleurs : l’orange : un clin
d’œil à la catalogne natale du peintre et à l’Espagne. C’est la passion,
l’énergie brute, la chaleur. Le rose, lui, nous amène : séduction, sensualité, tendresse.
Ce
tableau est porté, supporté par un élément féminin mystérieux mais assurément
source de vie et d’avenir comme l’eau qui jute du tableau.
Cependant c’est une œuvre non aboutie, comme un tour de chauffe, qui en appelle une autre bien différente celle-là.
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Au 1er regard, ce qui
domine dans le 2ème tableau, c’est l’harmonie, le calme, une
tranquillité apparente de l’ensemble : les amphores centrales, la jeune
femme bien en chair, l’eau omniprésente et l’azur violet en arrière.
Les
amphores bien placées (règle d’or) ne sont plus que deux et néanmoins c’est l’élément
qui relie le tout. L’ocre de l’une est moins intense et l’autre est carrément
marron jaune.
Ce tableau ouvre sur le rêve. L‘eau
s’écoule nettement comme la vie qui va son chemin, des bulles multicolores et
nombreuses, le bleu intense du ciel en haut et en -dessous, ce violet d’intense
à doux, symbole du luxe royal ou du sacré des cardinaux ; tous ces signes
nous plongent dans l’imaginaire de l’humanité que contes et légendes traduisent
dans toutes les cultures.
C’est le personnage féminin qui en
donne la clé. Le côté érotique a disparu. Il reste, la silhouette féminine aux
rondeurs assez nettes, presque cachée, mais bien présente. On pense aux sirènes
inquiétantes, aguichantes et tentatrices d’Ulysse sur le chemin du retour vers
sa fidèle Pénélope avec à ses pieds le chien Argos, et surtout à Mami Wata, le
génie aquatique de l’Afrique équatoriale ou la Manman dl’o des Caraïbes. Femme
génie des eaux aux pouvoirs surnaturels qui use de ses charmes. René Bobo-Diaz
l’a bien située dans un élément liquide et sa chevelure mouillée qui flotte,
nous le rappelle.
Beau tableau bien réussi,
méticuleusement fouillé dans les détails, riche de créativité et nous voilà ramenés
à notre imaginaire collectif…
Tableau qui repose et inquiète à
la fois.
N’est-ce
pas le rôle d’une œuvre d’art de nous interpeler ?