25 mai 2023

Le Centre Francophonie de Bourgogne présente : « Chants pour la Tunisie » (Al Manar édition) du poète franco-tunisien, Tahar BEKRI,

 

            Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu, relu et beaucoup apprécié : « Chants pour la Tunisie » (Al Manar édition) du poète franco tunisien, Tahar BEKRI, illustré de trois œuvres d’ Annick Le Thoër, peintre de talent (voir infos à son sujet en annexe).



          Ce recueil s’ouvre sur un beau pastel de nuances bleues comme une envolée légère vers la mer ou l’azur infini, voire le rêve/l’espoir et se referme sur un tableau aux teintes rose tendre comme une passion contenue tendrement affectueuse.

         Parcourons ce beau et sensible recueil poétique éminemment structuré.



           Tahar BEKRI, dont les publications sont depuis longtemps mondialement reconnues, exprime ici, l’intime et le collectif.

            La poétesse québécois, Hélène Dorion avance dans « Recommencements » que « Notre façon d’aimer prend sa source dans l’enfance ».

           Le manque imprime l’enfance et la jeunesse de Tahar BEKRI. Il perd, jeune, sa maman, de maladie, dans des souffrances atroces ; jeune étudiant protestataire, il fait l’expérience des geôles de Bourguiba et l’intégration en France est compliquée ; il doit être accueilli par des amis à…Copenhague.

           On a coutume de prétendre que les écrivains, artistes, s’expriment à partir de failles. Il est fort possible que l’absence du pays, l’éloignement de l’exil, motivent la trame de ce énième recueil de Tahar.

           Ainsi tout au long des pages et tour à tour, Tahar BEKRI se rappelle ses débuts difficiles :

« Pardonne

Les chardons je les aurais aimés bleus

Ils furent épineux et blessants

J’avais vingt ans et des rêves » (p.37)

« Je voulais t’offrir mon plus bel âge » (p.38) ;

Il revisite les êtres chers, le pays profond et fait appel, de manière récurrente, à son histoire personnelle,

« Je te cherche

Dans l’encre violette de mon enfance

Les alphabets entremêlés

Dans mes lettres maladroites » (p.33)

« Je te raconte ….

Soudain tu es au bercail

A la maison familiale de Sidi Boulbala

Happé par la mémoire » (p.46)

à l’histoire du pays, à sa géographie, retrouve les senteurs ou les images,

« Je vous salue

Linges claquant sur les cordes…

Maisons hospitalières aux seuils fraternels » (p.23),

 et revoit les paysages. Et c’est un dialogue direct avec le pays.

            Presque chaque poème débute par un « je » : je te revois, je récolte, je viens à toi, je te cherche, je t’apporte, je t’écoute, je reviens (tous des verbes d’action) ; parfois c’est plus direct « Tu le sais », ou avec l’emploi de l’impératif : Permets, Pardonne (2 fois). Les verbes d’action dominent ; c’est donc un dialogue dynamique permanent avec sa terre d’origine.

           Plus encore, le poète emporte avec lui dans ses déplacements et ils ont été nombreux et sur tous les continents, son pays, la TUNISIE.

« J’ai emporté

La sève de tes palmiers la couleur des treilles » (p.40)

« Je te raconte

Les milans à Dakar le ciel jaune… 

Je te raconte

L’île de Gorée

Les chaines avilissantes

La porte du non-retour

Tes frères bravant la nuit » (p.46)

« Je te raconte

La Bretagne

Mille peintres pour capter la lumière » (p.47)

« Me parviennent

Ta lune dans la nuit obscure

Elle m’apporte ton infini regard

Riches souvenirs à la belle étoile

L’enfance comme un conte

Et l’univers une merveille » (p.67)

          Fidèle à ses convictions humanistes, Tahar BEKRI rejette catégoriquement l’obscurité intellectuelle et l’enfermement, en Tunisie ou ailleurs.

« Je te voudrais…

Ni bottes ni chars

Ni souffre sur la ville

Ni mer des ténèbres » (p.41)

« Ils interdisent

Le chant des femmes leurs rires

L’image la peinture la sculpture

Les affiches le cinéma » (p.49)

Ou encore

« Je n’oublie…

Qu’avaient-ils à détruire mausolées

Cinémas théâtres galerie de peintures » (p.31)

        Pour lui, la liberté ne se partage pas. Comme il le dit quelque part « Le poète est la sentinelle de la liberté ». Et pourtant il est bien seul et avec un unique outil : « Je n’ai que ma plume pour ériger ton art Dans le prisme des couleurs » (p.58)

        On remarquera des métaphores puissantes, une richesse culturelle très étendue et aussi, comme une certaine nostalgie mais une nostalgie qui cible, nomme, construit, rassemble, entraine, élève.

« Permets

A mes vers d’écrire tes chants

Sans frontières

Tous les humains sont mes frères » (p.42)

        Un recueil majeur d’humanité.

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          Tahar BEKRI est né à Gabès, grande ville du sud tunisien, oasis et port maritime. Après des études à la Sorbonne, est nommé maitre de conférences, (chaire d’arabe) à l’université Paris X (Nanterre). Tahar écrit en français et en arabe

           Tahar Bekri est récompensé du Prix international de littérature francophone Benjamin Fontane (oct.2018). Il reçoit le prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises de l'Académie française (juin 2019). Il est nommé membre de l'Académie des Jeux floraux (mai 2022).

          Il a été aussi un des 19 membres du Conseil scientifique de « Notre librairie », revue francophone de grande qualité, gérée par l’Institut Français de Paris, revue très utile pour le rayonnement des cultures francophones de par le monde et supprimée pour des raisons d’économie par le gouvernement Sarkorzy.

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  Annick Le Thoër  est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Ses œuvres au pastel sont empreintes de douceur. Voici, présentés ci-dessous, 3 autres recueils de Tahar, illustrés par Annick Le Thoër. Originaire de Bretagne, Annick est l’épouse de Tahar BEKRI.


 Trois recueils poétiques de Tahar BEKRI



 

 

22 mai 2023

Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et aimé : Le trio bleu (Présence Africaine édition) de Ken BUGUL (Sénégal)

 Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et aimé : Le trio bleu (Présence Africaine édition) de Ken BUGUL (Sénégal)

Voici un roman profond qui pointe du doigt sans concession ni langue de bois, les dérives institutionnelles et morales partout sur la planète.



Ken Bugul, la romancière sénégalaise, nous embarque dans une odyssée de la déshumanisation, de la rage de vivre et de la résilience.



Les trois personnages du « Trio bleu « : Goora (Jolof/Afrique), François (France) et Suleiman (Syrie/Irak) ont, chacun à leur manière, vécu dans leur chair et leur âme, l’injustice et la violence de leur société respective.
Goora, le personnage principal, le fil rouge du roman, nous dévoile ce que vivent des millions d’émigrés.
L’exil part d’un rêve. Car l’avenir au pays (qui peut être n’importe quel pays africain) est claquemuré ; la situation locale devient si fermée et insupportable à vivre qu’il faut fuir et gagner l’endroit tant espéré d’une vie meilleure, en l’occurence (Réewna/L’Europe)
Le périple est semé d’embûches et la mort omniprésente. Si l’exilé a la chance de survivre aux rackets, humiliations, rançonnement, esclavage et dangers de toute sorte, quand, nourri d’espoir, il atteint enfin les lueurs de Réewma, Réewma « se cadenasse ». Et long le moment où la vie sera enfin supportable. Car, à nouveau, pour l’exilé, même vivant dans Réewma, les humiliations, exploitations et déconsidérations restent, hélas, la règle.
Mais la nature humaine est résistante surtout lorsque l’espoir et le désir d’aider les siens demeurés au pays, restent chevillés au corps.
C’est un merveilleux message d’espoir, le rêve d’une vie meilleure, ailleurs, que nous livre Ken Bugul et pourtant rien n’épargne les sociétés, toutes les sociétés : les langues déliées /les commérages perfides, le système pervers : les multinationales, les régimes corrompus, l’attrait de l’argent ou de la considération plombent le vie des gens.
Goora retrouve deux autres personnes cabossées par la vie : Goora est victime de l’incompétence des dirigeants de son pays ; François, victime d’une erreur judiciaire a été emprisonné injustement et Suleiman arrive, abîmé psychologiquement par le déchainement de la violence aveugle et impitoyable, au Moyen Orient, mais c’est un poète sensible et généreux.
L’espoir pour Goora, c’est son projet de construction de sa villa à Bân-Ndool, au pays et le rêve de se marier avec Joojo, « la plus belle fille du monde ».
Mais, le retour, tant attendu au pays, est fait de désillusions. Le pays a changé, l’image qu’il se faisait des lieux n’existe plus, l’oncle a trahi, Joojo a vécu sa vie de son côté et l’émigré est adulé par ce qu’il apporte. Le rêve de la considération est factice et douloureusement, la vie qu’on s’est construite, là-bas, à Réewma, redevient la seule.
Quoi qu’il soit, le projet de villa et le rêve de Joojo ont aidé Goora à tenir le coup et à grandir.
Ken Bugul nous trace trois personnages qui se reconstruisent. Goora aidera sa tante et fera sa vie en Europe ; François s’ouvrira à la poésie et à la beauté grâce à Suleiman qui aura besoin de l’attention des deux autres pour vivre. Et une constante dans ce roman, Ken Bugul rappelle que personne ne se réalise sans formation ni culture.
Un roman humaniste de grande lucidité.
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Ken BUGUL est une écrivaine majeure de la littérature africaine. Parmi ses publications, on notera « Le baobab fou », « Riwan ou le chemin de sable » (Grand Prix de littérature de l’Afrique Noire), « Cendres et braises », « De l’autre côté du regard », ou encore, « Cacophonie ». Autre particularité, son souci permanent du rôle et de la place des femmes.
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Le Centre Francophonie de Bourgogne espère pouvoir accueillir Ken BUGUL, pour une mini tournée littéraire en Bourgogne.

7 mai 2023

Rencontre avec Louis-François DALLAIRE, romancier (Québec), lauréat du prix France-Québec 2022




 

Rencontre avec Louis-François DALLAIRE(Québec), auteur 

                        lauréat du prix France-Québec 2022


Louis-François DALLAIRE, romancier (Québec)


Le public à la médiathèque de Cluny 'France)

Le prix France-Québec, initié par l’association du même nom, a ceci de particulier d’être un roman d’un auteur québécois, choisi par des lecteurs français parmi 3 finalistes. E l’auteur est ensuite invité à parler de son roman, dans plusieurs lieux, (petites ou grandes villes ou villages) sur le territoire français. L’auteur est généralement accompagné dans sa tournée littéraire d’un membre de France-Québec ; cette année, Marc MATIN, le président d’honneur était avec lui.

 Pour 2022, « Le jour où mon meilleur ami fut arrêté pour le meurtre de sa femme » a été choisi par une large majorité de lecteurs.

  Le 2 mai après -midi, Louis-François Dallaire était à la médiathèque de Cluny (71-France). Rencontre-débat mise sur pied par le président de Bourgogne-Québec, Georges PIERRE et la responsable de l’association du Collectif des Portes, Claire JARRY.

Claire Jarry (Association les Portes), Claude (Pt du CFB), Georges (Pt de Bourgogne-Québec), et L.F. DALLAIRE, le romancier québécois.

Accueillis par la dynamique directrice de la médiathèque de Cluny, Pauline AMBRAZE, les participants ont pu entendre l’auteur québécois parler de la genèse du roman, de son désir d’écrire, de ses thèmes. 4 membres du Centre Francophonie qui avaient fait le déplacement et lu le livre, ont pu poser des questions sur les personnages, les choix opérés par l’auteur, le reflet de la société canadienne comme partout dans le monde, par exemple, la violence au quotidien, un des sujets du roman.

Marc MATIN, pt d'honneur France-Québec, lisant un court extrait du roman

Belle rencontre.


Marie-Françoise, la secrétaire du CFB

Valérie, membre du CFB et Pte de l'Office Municipal de la Culture du BREUIL (71- France)


Marie-Josèphe, membre du CFB


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