30 avril 2023

Le Jour où mon meilleur ami fut arrêté pour le meurtre de sa femme de Louis-Philippe Dallaire (Editions de Mortagne) (Québec), roman Prix France-Québec 2022

 

      "Le Jour où mon meilleur ami fut arrêté pour le meurtre de sa

 femme" 

              de Louis-François Dallaire (Editions de Mortagne)

 (Québec)




   Le récit :

      Sébastien Lemay, marié à Béatrice, infirmière, raconte un fait divers tragique.

              Le personnage central se trouve être David Théberge et le récit va dérouler l’histoire de ces deux personnages liés à la vie à la mort. Par moment, le lecteur découvrira, importantes pour l’avancée du récit, les réflexions personnelles de Sébastien, indiquées en graphie différente.

             Tout commence à l’école primaire où David Théberge est le souffre-douleur permanent de ses camarades : brimades, insultes, moqueries, coups par traitrise, assaisonnés de « Ours mal léché », « nez de cochon », « petite tête », « gros plein de soupe » et « Théberge l’asperge », ce qualificatif, en contradiction avec son physique, à l’aspect plutôt « lourdoud ».

                Sébastien participe lui aussi aux moqueries, par lâcheté, sans doute par peur de représailles. Son attitude va radicalement changée quand, inscrits tous les deux à un camp scout, il assiste à l’acharnement d’un participant sur David. Il rosse le bourreau improvisé et devient par suite logique l’ami de David, étonné que quelqu’un prenne sa défense. Leur amitié ne cessera plus.

            Chacun mènera sa vie. David, habitué aux emplois peu gratifiants, se mariera à Aurélie à l’étonnement de Sébastien et Sébastien épousera Béatrice ; mais les deux amis se retrouveront régulièrement pour des parties de Monopoly acharnées.

            Sébastien assiste impuissant et révolté, au mépris et à l’écrasement de son ami par sa femme, un dragon de ménage, jusqu’au jour où celle-ci est retrouvée assassinée dans sa chambre. Contre tout attente, David se déclare coupable et sera condamné à la prison.

              Sébastien sait que David n’est pas coupable mais comment le prouver ? inlassablement, il le visitera régulièrement en prison et ils reprendront leurs parties de Monopoly. Mais discrètement, il s’emploiera à faire avouer à son ami, la vérité et à trouver un défenseur pour un éventuel re-jugement.

            Sébastien avançant qu’Aurélie l’a bien mérité et Béatrice affirmant que rien ne justifie un meurtre, ce désaccord fissure leur couple.

            Entre abus d’alcool répété et affolement, la vie de Sébastien va basculer, le jour où le pion (le chien) du Monopoly qu’il cherche désespérément, se trouve dans la main que lui tend son ami ; pion récupéré dans la chambre où a été assassinée Aurélie… Belle insistance désintéressée de David, mais tout vacille…              

          Intéressant roman qui pose le problème de la violence contre autrui et même contre soi.

 S’il met en scène un exemple d’amitié indéfectible, L.F. Dallaire dénonce le méprisable et lâche harcèlement scolaire et ses conséquences. On pourra découvrir au fil des pages,  à visage ouvert, un pan de la société québécoise : alcool facile, liberté des mœurs, importance de l’argent, la froideur de l’Administration « Le ventre mou » selon St Exupéry, et là comme ailleurs, l’infériorisation des femmes (p.41).

             Dans un langage clair, L.F. Dallaire pose indirectement cette question : les individus sont-ils vraiment libres ? Ne sommes-nous pas tous liés malgré nous ?

        Des membres du CFB participeront à la rencontre avec L.F. Dallaire, le mardi 2 mai à Cluny (71-France), lors de la tournée littéraire officielle de l'auteur québécois, en France, tournée mise sur pied par l'association France-Québec qui délivre ce prix.

Citation

(p.41)     Ce n’est pas pour rien que les victimes sont habituellement de femmes. Dès notre tendre enfance, on nous force à accepter qu’un certain contrôle sera exercé sur nous, tandis qu’on vous enfonce dans le crâne que vous mènerez la danse. Il y a un conditionnement social derrière tout ça, un contexte historique…(dixit Béatrice)

24 avril 2023

EXPOSITION « Poésie et Mosaïque » d’Andrée DUMAS (artiste) Le Breuil (71-France)

 

EXPOSITION « Poésie et Mosaïque » d’Andrée DUMAS (artiste) Le Breuil (71-France)

            Le service culturel de la ville du Breuil (71-France) a programmé une très belle exposition autour des mosaïques, serties de bois brut, d’Andrée DUMAS, artiste de Paray-Le-Monial (71-France).

           





Dans le cadre de cette exposition, diverses animations ont eu lieu dont celle du samedi 22 avril, autour de textes poétiques, intitulée « Portes d’ombre et de lumière ».

          En effet, les œuvres magnifiques d’André DUMAS s’inscrivent sur le thème des portes : Porte de vie, de l’Aube, de lumière, du Ciel, Porte de l’ombre, Porte du soleil, Porte fermée, Porte de l’oubli ou de l’infini, Porte de l’abîme, Porte ouverte, lambeau de porte ou les Passages.

         Pour ce moment poétique, le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a été sollicité pour apporter une ouverture francophone. C’est ainsi que deux extraits de poétes francophones ont pu être lus : « Arbre » de la poétesse innue, Rita Mestokosho et un passage de « Vie poème » du slamer camerounais, Marc Alexandre Oho Bambé. Danielle Auber, conteuse et Andrée Dumas, l’artiste mosaïste, avaient choisi les 12 autres textes poétiques.

          Invité par la maitresse de cérémonie, la conteuse de talent Danielle AUBER, le public a pu déambuler dans la salle, au gré des oeuvres et des

14 textes lus


Danielle, conteuse, en maitresse de cérémonie

         Outre Danielle Auber qui a mis toute sa maîtrise, son cœur et sa sensibilité, on a entendu tout à tour Marie-Françoise, Marie-Josèphe, Maria, Alain, Valérie et Claude, sollicités par le Centre Francophonie.

              Intense moment d’enrichissement, de partage et de beauté.


Marie-Françoise lit "Arbre" de Rita Mestokosho, poète innue


Marie-Josèphe lit  "La patience " de Philippe Jacottet







Danielle AUBER, conteuse, lit une série de textes dont 2 de Christian Bobin





Maria lit "Les Portes" d'Yvan Qoll

Alain lit "La Porte " d'Elie Ayache


On citera ici, deux textes parmi les 14 :

         « Je regarde le ciel bleu. Il n’y a pas de porte. Ou bien elle est ouverte depuis toujours. Dans ce bleu j’entends parfois un rire, le même que celui des fleurs : impossible de l’entendre sans aussitôt le partager » (Christian Bobin) lu par Danielle

et

Valérie et Claude se répondent sur le texte ci-dessous

 

1-    Affiner

Raffiner ses sens

2-    Réapprendre

          A vivre

                 En vigilance

                                   Résistance

                                                        Et espérance

3-    Enraciné

Dans son errance

Nourrir

Son âme   son cœur   son esprit   son corps

Se laisser traverser par la lumière

La tendresse

4-    L’envie

D’être

Et se remettre

         Au monde

                             En question

                                         En condition

5-    De créer

De démettre

De tout acte inessentiel

En cherchant sa voie

6-    Trouver la vie

Recouvrer la vue

Les yeux du cœur

Miroirs de l’âme

Amoureuse

Dont la flamme

Grandit

Les femmes et les hommes

De plein vent

7-    Poser les mots

Déposer le verbe

Oser le cœur

Encore

Oser le cœur

Toujours

8-    Partager

« L’univers dans une tasse de café »

Ou dans un verre « d’Alcools »

De vieux rhum

Ma préférence à moi

9-    Sourire

Bleu

Se souvenir de

Ne pas perdre de

 Vue

10-                     La vie

Encore elle

                    La vie

Toujours elle

                   La vie

11-                     La vraie, rêvée

Le rêve « encré »

Poème des origines

Accepter de mourir

Parfois pour renaître

« Maître de son destin

Capitaine de son âme »

12-                     Regarder  

                    Interpeller

                    Inventer demain

13-                     S’extraire

Du monde

Lire    Ecrire

Dire non à la fatalité

Méditer

14-                     Dénouer

Les nœuds en soi

Nouer complicités

Garder capacité

    D’Altérité. (Marc Alexandre Oho Bambé)

                       -------------------------------------------

  


Andrée DUMAS, l'artiste mosaïste devant une de ses oeuvres

Quelques oeuvres :

















---------------------------------------------





















c

23 avril 2023

                       Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et présente deux romans abordant l'exil et l'intégration :

Le premier qui tombera (Grasset) de Salomé Berlemont-Gilles (France) et
Mes deux papas (Gallimard) d’Eric Mukendi (RDC)
----------------------
Le premier qui tombera (Grasset)
de Salomé Berlemont-Gilles





Voici un roman à l’écriture dense, structurée, aux phrases serrées, au vocabulaire étendu.
Un roman de plus qui jette un regard de l’intérieur sur une famille guinéenne qui a fui le régime autoritaire de Sékou Touré. Un roman de l’exil et d’une intégration à rebondissements.
Le père, Le chirurgien, coule une vie aisée et bien en vue à Konakry : villa, piscine, réceptions… Son épouse Marie, brille par sa beauté et son accueil chaleureux. Ils ont trois enfants : Fati, Aïssa et surtout l’aîné, Hamadi-chéri, comme sa mère l’appelle. Fils adulé et surprotégé.
Menacée, la famille doit tout abandonner et quitter le pays. Direction Nice chez un ami chirurgien, puis un appartement HLM de la banlieue parisienne.
Embauché comme aide-soignant en gériatrie, le chirurgien s’isole en lui-même ; Marie, trouve du travail et porte à bout de bras la maisonnée.
Difficile intégration au collège pour Hamadi qui détonne et par son habit et par son attitude. Cible de harceleurs, il sera intégré à leur groupe de voyous et y trouvera sa place ; ce sera sa 2ème famille. Ce groupe deviendra un ensemble de petits truands et l’un d’entre eux, un proxénète redoutable, même pour ses ex amis.
Hamadi descendra bien bas ; gardien de prostituées, emploi précaire, alcoolisme jusqu’à l’hôpital psychiatrique. Son frère Yero, solitaire, s’adonnera à toutes sortes de trafics. Adema, l’autre frère aura une existence d’assisté, de raté. Les deux sœurs, Fati et Aïssa, vivront leur vie à part. Une sœur, Aminata, viendra sur le tard.
Hamadi qui est le fil directeur du roman nous dévoile le petits et grands trafics, l’adaptation difficile dans la vie de ces jeunes en manque de repères, la violence obligée pour exister. En mal d’amour, Hamadi sera toujours en recherche et échouera toujours
Frôlant la folie, à 50 ans, le secours viendra de sa jeune sœur Aminata. Leur vie s’orientera vers un projet porteur d’espoir loin de Paris.
Deux figures de femmes émergent de ce roman sensible :
Marie, la mère « courage », socle du foyer, sa vie durant.
Aminata, la benjamine, sœur au grand cœur pour ce frère en perdition qu’elle sauvera.
Un bon roman.
------------------------------

Mes deux papas (Gallimard)
D’Eric Mukendi (RDC/France)























Le petit Boris habite la banlieue parisienne. Il vient de Kinsasha. Sa maman est morte à la naissance de son petit frère. Son papa qui s’est séparé de ses plusieurs femmes confie Boris à son frère Fulgence qui est marié à Béatrice et habite Bobigny
Fulgence fait passer Boris pour son fils aux yeux de l’administration française et Béatrice l’accueille comme un fils d’adoption. Mais elle ne sait pas que Fulgence est en réalité l’oncle de Boris.
La vie se poursuit école, quartier, copains. Boris s’adapte à la cité avec des copains de toutes origines.
Un jour arrive le vrai père, Daniel. Il faut bien dire la vérité à Béatrice. Daniel vit avec les papiers d’un autre, travaille épisodiquement et loge selon la solidarité africaine. Boris, lui, vit une histoire parallèle avec ses copains de la cité, souvent dans la rue.
Lors d’une visite de leur classe au Musée du Louvre, Boris et son copain, Idrissa font la connaissance de deux autres élèves filles de milieu bourgeois venues avec leur classe ; ils échangent leur téléphone. Peu de temps après, Hortense une des filles, téléphone à Boris et une relation s’instaure. Ils se fréquentent.
C’est ainsi qu’un jour, Boris et son copain sont invités à une soirée dans la maison des parents d’Hortense. C’est un autre milieu loin des appartements HLM de leur cité. La soirée va dégénérer car Idrissa croit qu’o lui a volé son portable. En quittant la soirée, ils se disputent et rentrent chacun de leur côté. Pris par un automobiliste, Boris a affaire à un pédophile.
Comme il arrive très tard chez lui, son père le corrige à l‘africaine avec sa ceinture. Béatrice le prend mal et Daniel doit quitter l’appartement de son frère. Boris lui en veut.
Quelque temps après Fulgence pousse Boris à se réconcilier avec son père. Ce qu’il fait.
Trois remarques du CFB.
Ce roman est écrit en utilisant le langage des quartiers, ce qui nous permet de nous plonger dans l’univers réel des jeunes français des banlieues.
Eric Mukendi met le doigt, par ailleurs, sur un aspect de l’exil : les combines pour contourner les lois restrictives des pays d’immigration, les difficultés économiques, familiales et/ou politiques de là-bas.
Il décrit la solidarité d’ici parce que la vie y est difficile et aussi parce que la solidarité est un trait constant de toute l’Afrique.
On voit nettement le télescopage culturel : en alimentation (les menus de Béatrice ne sont pas ceux de Fulgence), musical et la différence en matière d’éducation.
Enfin, le langage oral employé nous met réellement dans la peau des personnages du roman.
Et on sort conquis par ce récit, comme embarqué dans l’histoire.
------------------------------------------------

Les visiteurs du blog

Publication C.F.B

Publication C.F.B
Pour en savoir plus: "classement thématique" du site