"Le Jour où mon meilleur ami fut arrêté pour le meurtre de sa
femme"
de Louis-François Dallaire (Editions de Mortagne)
(Québec)
Le récit :
Sébastien Lemay, marié à Béatrice,
infirmière, raconte un fait divers tragique.
Le personnage central se trouve
être David Théberge et le récit va dérouler l’histoire de ces deux personnages
liés à la vie à la mort. Par moment, le lecteur découvrira, importantes pour
l’avancée du récit, les réflexions personnelles de Sébastien, indiquées en
graphie différente.
Tout commence à l’école primaire
où David Théberge est le souffre-douleur permanent de ses camarades :
brimades, insultes, moqueries, coups par traitrise, assaisonnés de « Ours
mal léché », « nez de cochon », « petite tête », « gros
plein de soupe » et « Théberge l’asperge », ce qualificatif, en
contradiction avec son physique, à l’aspect plutôt « lourdoud ».
Sébastien participe lui aussi
aux moqueries, par lâcheté, sans doute par peur de représailles. Son attitude
va radicalement changée quand, inscrits tous les deux à un camp scout, il
assiste à l’acharnement d’un participant sur David. Il rosse le bourreau
improvisé et devient par suite logique l’ami de David, étonné que quelqu’un
prenne sa défense. Leur amitié ne cessera plus.
Chacun mènera sa vie. David, habitué
aux emplois peu gratifiants, se mariera à Aurélie à l’étonnement de Sébastien
et Sébastien épousera Béatrice ; mais les deux amis se retrouveront
régulièrement pour des parties de Monopoly acharnées.
Sébastien assiste impuissant et
révolté, au mépris et à l’écrasement de son ami par sa femme, un dragon de
ménage, jusqu’au jour où celle-ci est retrouvée assassinée dans sa chambre.
Contre tout attente, David se déclare coupable et sera condamné à la prison.
Sébastien sait que David n’est
pas coupable mais comment le prouver ? inlassablement, il le visitera
régulièrement en prison et ils reprendront leurs parties de Monopoly. Mais
discrètement, il s’emploiera à faire avouer à son ami, la vérité et à trouver
un défenseur pour un éventuel re-jugement.
Sébastien avançant qu’Aurélie l’a
bien mérité et Béatrice affirmant que rien ne justifie un meurtre, ce désaccord
fissure leur couple.
Entre abus d’alcool répété et
affolement, la vie de Sébastien va basculer, le jour où le pion (le chien) du
Monopoly qu’il cherche désespérément, se trouve dans la main que lui tend son
ami ; pion récupéré dans la chambre où a été assassinée Aurélie… Belle
insistance désintéressée de David, mais tout vacille…
Intéressant roman qui pose le problème de la
violence contre autrui et même contre soi.
S’il met en scène un exemple d’amitié
indéfectible, L.F. Dallaire dénonce le méprisable et lâche harcèlement scolaire
et ses conséquences. On pourra découvrir au fil des pages, à visage ouvert, un pan de la société
québécoise : alcool facile, liberté des mœurs, importance de l’argent, la
froideur de l’Administration « Le ventre mou » selon St Exupéry,
et là comme ailleurs, l’infériorisation des femmes (p.41).
Dans un langage clair, L.F.
Dallaire pose indirectement cette question : les individus sont-ils
vraiment libres ? Ne sommes-nous pas tous liés malgré nous ?
Citation
(p.41) Ce
n’est pas pour rien que les victimes sont habituellement de femmes. Dès notre
tendre enfance, on nous force à accepter qu’un certain contrôle sera exercé sur
nous, tandis qu’on vous enfonce dans le crâne que vous mènerez la danse. Il y a
un conditionnement social derrière tout ça, un contexte historique…(dixit Béatrice)
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