Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et présente deux romans abordant l'exil et l'intégration :
Le premier qui tombera (Grasset) de Salomé Berlemont-Gilles (France) et
Mes deux papas (Gallimard) d’Eric Mukendi (RDC)
----------------------
Le premier qui tombera (Grasset)
de Salomé Berlemont-Gilles
Un roman de plus qui jette un regard de l’intérieur sur une famille guinéenne qui a fui le régime autoritaire de Sékou Touré. Un roman de l’exil et d’une intégration à rebondissements.
Le père, Le chirurgien, coule une vie aisée et bien en vue à Konakry : villa, piscine, réceptions… Son épouse Marie, brille par sa beauté et son accueil chaleureux. Ils ont trois enfants : Fati, Aïssa et surtout l’aîné, Hamadi-chéri, comme sa mère l’appelle. Fils adulé et surprotégé.
Menacée, la famille doit tout abandonner et quitter le pays. Direction Nice chez un ami chirurgien, puis un appartement HLM de la banlieue parisienne.
Embauché comme aide-soignant en gériatrie, le chirurgien s’isole en lui-même ; Marie, trouve du travail et porte à bout de bras la maisonnée.
Difficile intégration au collège pour Hamadi qui détonne et par son habit et par son attitude. Cible de harceleurs, il sera intégré à leur groupe de voyous et y trouvera sa place ; ce sera sa 2ème famille. Ce groupe deviendra un ensemble de petits truands et l’un d’entre eux, un proxénète redoutable, même pour ses ex amis.
Hamadi descendra bien bas ; gardien de prostituées, emploi précaire, alcoolisme jusqu’à l’hôpital psychiatrique. Son frère Yero, solitaire, s’adonnera à toutes sortes de trafics. Adema, l’autre frère aura une existence d’assisté, de raté. Les deux sœurs, Fati et Aïssa, vivront leur vie à part. Une sœur, Aminata, viendra sur le tard.
Hamadi qui est le fil directeur du roman nous dévoile le petits et grands trafics, l’adaptation difficile dans la vie de ces jeunes en manque de repères, la violence obligée pour exister. En mal d’amour, Hamadi sera toujours en recherche et échouera toujours
Frôlant la folie, à 50 ans, le secours viendra de sa jeune sœur Aminata. Leur vie s’orientera vers un projet porteur d’espoir loin de Paris.
Deux figures de femmes émergent de ce roman sensible :
Marie, la mère « courage », socle du foyer, sa vie durant.
Aminata, la benjamine, sœur au grand cœur pour ce frère en perdition qu’elle sauvera.
Un bon roman.
------------------------------
Mes deux papas (Gallimard)
D’Eric Mukendi (RDC/France)
Le petit Boris habite la banlieue parisienne. Il vient de Kinsasha. Sa maman est morte à la naissance de son petit frère. Son papa qui s’est séparé de ses plusieurs femmes confie Boris à son frère Fulgence qui est marié à Béatrice et habite Bobigny
Fulgence fait passer Boris pour son fils aux yeux de l’administration française et Béatrice l’accueille comme un fils d’adoption. Mais elle ne sait pas que Fulgence est en réalité l’oncle de Boris.
La vie se poursuit école, quartier, copains. Boris s’adapte à la cité avec des copains de toutes origines.
Un jour arrive le vrai père, Daniel. Il faut bien dire la vérité à Béatrice. Daniel vit avec les papiers d’un autre, travaille épisodiquement et loge selon la solidarité africaine. Boris, lui, vit une histoire parallèle avec ses copains de la cité, souvent dans la rue.
Lors d’une visite de leur classe au Musée du Louvre, Boris et son copain, Idrissa font la connaissance de deux autres élèves filles de milieu bourgeois venues avec leur classe ; ils échangent leur téléphone. Peu de temps après, Hortense une des filles, téléphone à Boris et une relation s’instaure. Ils se fréquentent.
C’est ainsi qu’un jour, Boris et son copain sont invités à une soirée dans la maison des parents d’Hortense. C’est un autre milieu loin des appartements HLM de leur cité. La soirée va dégénérer car Idrissa croit qu’o lui a volé son portable. En quittant la soirée, ils se disputent et rentrent chacun de leur côté. Pris par un automobiliste, Boris a affaire à un pédophile.
Comme il arrive très tard chez lui, son père le corrige à l‘africaine avec sa ceinture. Béatrice le prend mal et Daniel doit quitter l’appartement de son frère. Boris lui en veut.
Quelque temps après Fulgence pousse Boris à se réconcilier avec son père. Ce qu’il fait.
Trois remarques du CFB.
Ce roman est écrit en utilisant le langage des quartiers, ce qui nous permet de nous plonger dans l’univers réel des jeunes français des banlieues.
Eric Mukendi met le doigt, par ailleurs, sur un aspect de l’exil : les combines pour contourner les lois restrictives des pays d’immigration, les difficultés économiques, familiales et/ou politiques de là-bas.
Il décrit la solidarité d’ici parce que la vie y est difficile et aussi parce que la solidarité est un trait constant de toute l’Afrique.
On voit nettement le télescopage culturel : en alimentation (les menus de Béatrice ne sont pas ceux de Fulgence), musical et la différence en matière d’éducation.
Enfin, le langage oral employé nous met réellement dans la peau des personnages du roman.
Et on sort conquis par ce récit, comme embarqué dans l’histoire.
------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire