Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu, relu et beaucoup apprécié : « Chants pour la Tunisie » (Al Manar édition) du poète franco tunisien, Tahar BEKRI, illustré de trois œuvres d’ Annick Le Thoër, peintre de talent (voir infos à son sujet en annexe).
Ce recueil s’ouvre sur un beau pastel de
nuances bleues comme une
Parcourons ce beau et sensible recueil poétique
éminemment structuré.
Tahar BEKRI, dont les publications sont
depuis longtemps mondialement reconnues, exprime ici, l’intime et le collectif.
La
poétesse québécois, Hélène Dorion avance dans « Recommencements »
que « Notre façon d’aimer prend sa source dans l’enfance ».
Le manque imprime l’enfance et la
jeunesse de Tahar BEKRI. Il perd, jeune, sa maman, de maladie, dans des
souffrances atroces ; jeune étudiant protestataire, il fait l’expérience
des geôles de Bourguiba et l’intégration en France est compliquée ; il
doit être accueilli par des amis à…Copenhague.
On a
coutume de prétendre que les écrivains, artistes, s’expriment à partir de failles.
Il est fort possible que l’absence du pays, l’éloignement de l’exil, motivent
la trame de ce énième recueil de Tahar.
Ainsi tout au long des pages et tour à tour,
Tahar BEKRI se rappelle ses débuts difficiles :
« Pardonne
Les
chardons je les aurais aimés bleus
Ils
furent épineux et blessants
J’avais
vingt ans et des rêves » (p.37)
« Je
voulais t’offrir mon plus bel âge » (p.38) ;
Il revisite
les êtres chers, le pays profond et fait appel, de manière récurrente, à son
histoire personnelle,
« Je
te cherche
Dans
l’encre violette de mon enfance
Les
alphabets entremêlés
Dans
mes lettres maladroites » (p.33)
« Je
te raconte ….
Soudain
tu es au bercail
A la
maison familiale de Sidi Boulbala
Happé
par la mémoire »
(p.46)
à
l’histoire du pays, à sa géographie, retrouve les senteurs ou les images,
« Je
vous salue
Linges
claquant sur les cordes…
Maisons
hospitalières aux seuils fraternels » (p.23),
et revoit les paysages. Et c’est un dialogue
direct avec le pays.
Presque
chaque poème débute par un « je » : je te revois, je récolte, je
viens à toi, je te cherche, je t’apporte, je t’écoute, je reviens (tous des
verbes d’action) ; parfois c’est plus direct « Tu le sais », ou avec
l’emploi de l’impératif : Permets, Pardonne (2 fois). Les verbes d’action
dominent ; c’est donc un dialogue dynamique permanent avec sa terre
d’origine.
Plus
encore, le poète emporte avec lui dans ses déplacements et ils ont été nombreux
et sur tous les continents, son pays, la TUNISIE.
« J’ai
emporté
La
sève de tes palmiers la couleur des treilles » (p.40)
« Je
te raconte
Les
milans à Dakar le ciel jaune…
Je te
raconte
L’île
de Gorée
Les
chaines avilissantes
La
porte du non-retour
Tes
frères bravant la nuit » (p.46)
« Je
te raconte
La
Bretagne
Mille
peintres pour capter la lumière » (p.47)
« Me
parviennent
Ta
lune dans la nuit obscure
Elle
m’apporte ton infini regard
Riches
souvenirs à la belle étoile
L’enfance
comme un conte
Et
l’univers une merveille » (p.67)
Fidèle à
ses convictions humanistes, Tahar BEKRI rejette catégoriquement l’obscurité
intellectuelle et l’enfermement, en Tunisie ou ailleurs.
« Je
te voudrais…
Ni
bottes ni chars
Ni
souffre sur la ville
Ni mer
des ténèbres »
(p.41)
« Ils
interdisent
Le
chant des femmes leurs rires
L’image
la peinture la sculpture
Les
affiches le cinéma » (p.49)
Ou encore
« Je
n’oublie…
Qu’avaient-ils
à détruire mausolées
Cinémas
théâtres galerie de peintures » (p.31)
Pour lui, la liberté ne se partage pas. Comme il le dit quelque part « Le poète est la sentinelle de la liberté ». Et pourtant il est bien seul et avec un unique outil : « Je n’ai que ma plume pour ériger ton art Dans le prisme des couleurs » (p.58)
On remarquera des métaphores puissantes, une
richesse culturelle très étendue et aussi, comme une certaine nostalgie mais
une nostalgie qui cible, nomme, construit, rassemble, entraine, élève.
« Permets
A mes
vers d’écrire tes chants
Sans
frontières
Tous
les humains sont mes frères » (p.42)
Un
recueil majeur d’humanité.
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Tahar BEKRI est né à Gabès, grande ville du sud tunisien, oasis et port maritime. Après des études à la Sorbonne, est nommé maitre de conférences, (chaire d’arabe) à l’université Paris X (Nanterre). Tahar écrit en français et en arabe
Tahar
Bekri est récompensé du Prix international de littérature francophone Benjamin Fontane (oct.2018). Il reçoit le prix du
rayonnement de la langue et de la littérature françaises de l'Académie française (juin 2019). Il est nommé membre de l'Académie des Jeux floraux (mai 2022).
Il a été aussi un des 19 membres du Conseil
scientifique de « Notre librairie », revue francophone de grande
qualité, gérée par l’Institut Français de Paris, revue très utile pour le
rayonnement des cultures francophones de par le monde et supprimée pour des
raisons d’économie par le gouvernement Sarkorzy.
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Annick Le Thoër est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Ses œuvres au pastel sont empreintes de douceur. Voici, présentés ci-dessous, 3 autres recueils de Tahar, illustrés par Annick Le Thoër. Originaire de Bretagne, Annick est l’épouse de Tahar BEKRI.
Trois recueils poétiques de Tahar BEKRI
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