La bouteille au
cafard (L’Aube édition)
De Mohamed Nédali (Maroc)
Mohamed Nédali en ses collines de Tahannaout |
C’est une fable rafraichissante
que nous livre Mohamed Nédali, l’écrivain marocain de Tahannaout, dans ce 8ème
roman.
H’Mad tient l’unique magasin du
douar et un client qui vient de lui acheter une bouteille d’huile, lui fait
remarquer que le fond de la bouteille est habité par un cafard.
Quelle honte pour un commerçant
qui se respecte ! C’est alors qu’un jeune, plus instruit, lui susurre
qu’il peut en tirer beaucoup d’argent et, du jour au lendemain, devenir très
riche.
Attiré par l’argent facile qui peut changer sa vie routinière et
médiocre, il se rend chez le distributeur de la marque d’huile. Ce dernier lui propose
de lui échanger et même de lui en donner plusieurs en compensation. Il refuse,
estimant l’offre insuffisante.
Mais cet incident risquant de
faire grand bruit et de nuire à la société, un beau matin, le représentant
régional arrive à sa porte, avec costume et 4x4, et lui propose 4 caisses qu’il
refuse aussi.
Fort de son droit et mésestimant
ses forces, lui qui sait à peine parler, malgré des conseils de prudence de sa
femme qu’il rabroue, décide d’aller, en personne, parlementer avec le grand
patron, à Marrakech. L’appât du gain donne parfois des ailes !
Une fois à Marrakech, dans le taxi
qui l’emmène au siège de la société, le chauffeur de taxi, curieux, lui fait cracher
le morceau et lui conseille de se confier à un avocat, plutôt à une avocate de
sa connaissance, qui va lui arranger l’affaire. Juré, craché ! Et alors,
le naïf H’mad se retrouve entre les mains d’une avocate aux charmes affichés et,
grugé, dépouillé, menacé, il ne reste au pauvre épicier humilié que de regagner
son douar, penaud.
Toutefois, l’affaire ne s’arrête pas
là. La bouteille au cafard attire, comme un aimant, les prétendants au gain
facile : la prétendue avocate et son ami le chauffeur de taxi, les agents
de sécurité de la compagnie, des employés, puis des chefs de service qui, tous,
en viennent aux mains. Que ne ferait-on pas pour s’enrichir !
Si la bouteille, après toutes ces
péripéties, ne s’est pas cassée, c’est sans doute un miracle. Mais ce que veut
nous montrer Mohamed Nédali, c’est la bêtise humaine, la naïveté, les procédés
malhonnêtes, la cupidité et l’avilissement au dieu fric.
Cependant quand on vit dans un
douar pauvre, parmi des villageois aussi pauvres, peut-on bannir l’instant qui
fait rêver et espérer une vie meilleure, comme en rêve, un moment, H’Mad
l’épicier ?
Belle petite fable dont l’humour
en est comme un soleil.
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