Trois incendies (Stock Arpège) (Prix Victor Rossel 2019)
De Vinciane Moeschler (Belgique/Suisse)
Vinciane Moeschler, l'auteure |
Voici un grand roman
polyphonique. L’auteure nous catapulte, sans pitié pour le lecteur, d’un pays à
l’autre, d’un âge à l’autre et nous plonge dans la vie trépidante de ses trois
personnages, trois destins féminins, trois incendies incandescents : Léa,
Alexandra, Maryam : la mère, la fille et la petite fille.
Léa est d’abord la petite fille
quand ses parents fuient la Belgique envahie par les troupes allemandes, en 1940.
C’est la petite réfugiée qui subit le froid, la faim et la peur, avec Martin,
Simon et Jean, ses frères, mais aussi la grand’mère paternelle, Rose, (laissée
en chemin) et la tante Emma. La tribu au complet ! Puis, c’est Léa, jeune
femme, qui fuit sa mère abîmée dans la religion et ses codes sociaux, pour se
réfugier à Genève où Alexandra voit le jour.
Alexandra, à la vie amoureuse
éclatée, est photographe de guerre. Partout à couvrir les conflits : celui
du Liban la retient : le massacre barbare du camp palestinien de Chatila,
le regard d’une petite fille à la robe bleue, les souffrances à nu et surtout
le beau Lounis, chauffeur/guide palestinien et amant. Mais Saul, qui vit à New
York, lui d’origine juive, est toujours son mari.
Myriam, sa fille, est laissée à
Bruxelles, aux soins de Analyn, une nounou indonésienne, qui veille aussi sur
Léa, primo alzheimer. Myriam est toujours en attente de sa mère qui court la
planète. Elle aimerait bien son père à ses côtés, mais il est aux USA. Son
père, eh bien non, puisque, à l’adolescence de Myriam, Alexandra est obligée de
lui dévoiler qui est son vrai père : Lounis.
Celui n’est plus ; il s’est fait sauter
pour venger le massacre de Chatila. Dès lors, Myriam sera à la recherche de ses
racines. Il lui restera à trouver un membre de sa vraie famille. Le choix se
portera sur une sœur de Lounis, sa tante en fait, expatriée en Argentine.
Voilà
Myriam, partie en Patagonie, sur les traces de sa tante paternelle et la quête
s’arrêtera devant une tombe, tournée vers la Mecque.
Roman époustouflant.
Chaque personnage s’exprime tour à tour parfois à la 1ère personne
ou quelqu’un d’autre parle à sa place.
Récit volontairement haché, découpé, morcelé;
un puzzle certes, mais assurément une grande nef majestueuse.
Trois femmes de vie incandescente.
(A trouver sur les rayons du fonds francophone (5200 ouvrages) du CFB, BM de Le Breuil (71 France) ) -------------------------------------------
Citations
(p.116)
Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur.
(p.194)
« Qui oublie son passé se perd soi-même » (Proverbe palestinien)
(p.252)
A différents moments de la vie, il nous arrive à tous d’être comme en arrêt, au
bord de quelque chose, sans savoir quoi faire.
(p.265)
Même les grandes douleurs peuvent s’estomper et si on veut vivre, il faut
s’éloigner de ses mots.
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