6 mai 2021

 

                 Trois incendies (Stock Arpège) (Prix Victor Rossel 2019)

                                De Vinciane Moeschler (Belgique/Suisse)

Vinciane Moeschler, l'auteure



        

                  Voici un grand roman polyphonique. L’auteure nous catapulte, sans pitié pour le lecteur, d’un pays à l’autre, d’un âge à l’autre et nous plonge dans la vie trépidante de ses trois personnages, trois destins féminins, trois incendies incandescents : Léa, Alexandra, Maryam : la mère, la fille et la petite fille.

                 Léa est d’abord la petite fille quand ses parents fuient la Belgique envahie par les troupes allemandes, en 1940. C’est la petite réfugiée qui subit le froid, la faim et la peur, avec Martin, Simon et Jean, ses frères, mais aussi la grand’mère paternelle, Rose, (laissée en chemin) et la tante Emma. La tribu au complet ! Puis, c’est Léa, jeune femme, qui fuit sa mère abîmée dans la religion et ses codes sociaux, pour se réfugier à Genève où Alexandra voit le jour.

                  Alexandra, à la vie amoureuse éclatée, est photographe de guerre. Partout à couvrir les conflits : celui du Liban la retient : le massacre barbare du camp palestinien de Chatila, le regard d’une petite fille à la robe bleue, les souffrances à nu et surtout le beau Lounis, chauffeur/guide palestinien et amant. Mais Saul, qui vit à New York, lui d’origine juive, est toujours son mari.

                Myriam, sa fille, est laissée à Bruxelles, aux soins de Analyn, une nounou indonésienne, qui veille aussi sur Léa, primo alzheimer. Myriam est toujours en attente de sa mère qui court la planète. Elle aimerait bien son père à ses côtés, mais il est aux USA. Son père, eh bien non, puisque, à l’adolescence de Myriam, Alexandra est obligée de lui dévoiler qui est son vrai père : Lounis.

              Celui n’est plus ; il s’est fait sauter pour venger le massacre de Chatila. Dès lors, Myriam sera à la recherche de ses racines. Il lui restera à trouver un membre de sa vraie famille. Le choix se portera sur une sœur de Lounis, sa tante en fait, expatriée en Argentine.

             Voilà Myriam, partie en Patagonie, sur les traces de sa tante paternelle et la quête s’arrêtera devant une tombe, tournée vers la Mecque.

              Roman époustouflant. Chaque personnage s’exprime tour à tour parfois à la 1ère personne ou quelqu’un d’autre parle à sa place.

              Récit volontairement haché, découpé, morcelé; un puzzle certes, mais assurément une grande nef majestueuse.

 Trois femmes de vie incandescente.

   (A trouver sur les rayons du fonds francophone (5200 ouvrages) du CFB, BM de Le Breuil (71 France) )                       -------------------------------------------

Citations

(p.116) Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur.

(p.194) « Qui oublie son passé se perd soi-même » (Proverbe palestinien)

(p.252) A différents moments de la vie, il nous arrive à tous d’être comme en arrêt, au bord de quelque chose, sans savoir quoi faire.

(p.265) Même les grandes douleurs peuvent s’estomper et si on veut vivre, il faut s’éloigner de ses mots.

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