Sonates du mystère (Bernard Campiche) de Nathalie CHAIX (franco-Suisse)

Sonates du mystère (Bernard Campiche)

de Nathalie CHAIX (franco-Suisse)

Sonates du mystère est un roman polyphonique écrit à 3 voix dont une à la faveur d’un cahier tenu régulièrement. C’est une saga familiale, plutôt « livrets » de femmes, qui traverse le XXème siècle, principalement la 2ème partie du siècle.

A travers Elise, Marie, Rosalie et Lila, la colonne vertébrale du roman, on assiste à une épiphanie de la légitime et entière place des femmes dans la société, non sans enfermement, humiliations, abandon, combat, avant l’autonomie recherchée.

L’autrice, Nathalie CHAIX, par ailleurs directrice du musée Jenisch à Vevey (Suisse), habituée des romans à puzzle, comme ses deux précédents, nous embrouille dans un montage époustouflant en 16 sonates.

Ces quatre femmes tracent dans leur chair la lente évolution de l’émancipation féminine.

Elise reste volontairement recluse dans sa cuisine et la bondieuserie. Marie, sa fille, fera l’expérience des emplois peu gratifiants en usine tout en supportant l’abandon de son mari et en élevant seule, sa fille Rosalie.

Avec Rosalie, personnalité charnière, c’est un basculement dans la lignée des femmes. Elle subira, pourtant, petite, les rebuffades d’une marâtre peu amène quand elle viendra chez son père, soignera sa mère souvent malade, surmontera moult épreuves pour devenir mère, y compris des pratiques douteuses d’obstétriciens, mais finira professeur d’université. Ce sont ses cahiers qui nous retracent la vie de sa mère et grand-mère.

Et Lila par des mots très forts conclura la saga : « Je suis avec vous, toutes les femmes avant moi. Je suis avec vous et je poursuis la lignée, poussière d’être, l’horizon des ténèbres, mes yeux de suie, la mort incontournable ».

Beau récit qui touche juste.

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Notes du CFB,

L’écriture de Nathalie CHAIX est fascinante, déroutante aussi, par sa tendance à difracter le récit. Elle prend le lecteur un peu perdu, par la main et, comme dans un puzzle, de sauts successifs en découpes étudiées, elle le mène où elle veut. Et l’histoire apparait forte, claire et lumineuse.

Ses thèmes : l’illusion de la fascination, le manque, la solitude, la détermination des femmes, les brisures de la passion.

« Exit Adonis », son 1er roman, a obtenu en 2007 le prix George Nicole, le Goncourt de la Suisse romande.

En 2010 « Il y a toujours un rêve qui veille » (titre tiré de Et un sourire de Paul Eluard) nous plonge dans les affres du manque.

A suivi, le très beau et bien documenté : « Grand nu orange » (2012), qui reprend, en partie, la vie passionnelle du peintre d’origine russe, Nicolas de Stâel. Un grand roman.

Une romancière de talent que le CFB encourage à découvrir.

NB : On trouvera les romans de Nathalie CHAIX, tous édités par Bernard Campiche édition (Orbe Suisse), au fonds francophone du CFB à la BM de le Breuil (71-France).

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