19 février 2023

Le Centre Francophoie de Bourgogne a lu et aimé : SAARA (Elyzad) de Mbarek Ould Beyrouk (Mauritanie).

 Le Centre Francophoie de Bourgogne a lu et aimé : SAARA (Elyzad) de Mbarek Ould Beyrouk (Mauritanie).





Ce roman de grande profondeur humaine est construit autour de deux figures : Saara et le Cheikh et s’articule entre deux forces opposées : la tradition, ancrée au religieux et l’inévitable modernité, (ici la construction d’un barrage), malheureusement accompagnée de corruption et ambition personnelles.
Le Cheikh est à la tête de sa tribu, responsabilité héritée de son père, fonction religieuse et administrative. Ce cercle clos évolue dans la foi, la tradition, la séparation hommes/femmes, la tolérance, le respect, la croyance en un monde immuable.
Saara, au contraire, c’est la femme au grand cœur, certes une prostituée, donc méprisée par la gent bienpensante, même si en cachette on s’adonne à la chair. Saaraa c’est la chaleur humaine, l’accueil, la solidarité, le plaisir, la clarté : « Moi, je ne peux pas rester sourde aux silences qui se font » (p.9). C’est la porte toujours ouverte à tous, au poète (Sam), au mendiant (Jid), à l’homosexuel, au joueur de tambour. Bref à la vie.
Et la vie justement va bouleverser la tribu du Cheikh. Elle surgira par le projet du maire : la construction d’un barrage qui, inexorablement, prendra les terres de la communauté et fera exploser leur mode de vie. Le maire, Moustaff, est d’autant plus déterminé qu’il y voit son intérêt (pot de vin) et son autorité sans faille. Deux mondes diamétralement opposés.
La vie l’emportera puisque le rayonnement vrai et chaleureux de Saara attirera le Cheikh qui la suivra pour un autre destin. N’est-ce pas faire un bel hommage aux femmes que cet extrait (p.119) ? « Les femmes sont une mer profonde ; elles peuvent par amour, tout accueillir dans leurs bras ».
Un bon roman au style clair d’un grand humanisme : « (p.157) « Le bonheur n’a pas de cité, il est là où il y a des cœurs ".
PS. Notons que Beyrouk présente pratiquement tous ses personnages comme étouffés sous une chappe d’interdits, souvent religieux, de traditions, de pressions sociales et, n’en pouvant plus, ils prennent la fuite. Lolla et Mahamoud dans « Et le ciel a oublié de pleuvoir », Nadir dans « Le silence des horizons », Yahya dans « Le tambour des larmes » (Prix Kourouma 2015) et même le griot dans « Le griot de l’émir ».
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Mbarek Ould Beyrouk, Beyrouk, son patronyme d'auteur, est né à Atar dans le Nord mauritanien. Auteur de romans et de nouvelles, il est aujourd’hui reconnu comme l’une des voix essentielles de la littérature de son pays, et au-délà.




















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