27 février 2023

Si les dieux incendiaient le monde (Grasset) d’Emmanuelle Dourson (Belgique).

 

                     Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a

 découvert, lu et apprécié :

                    Si les dieux incendiaient le monde (Grasset)

 d’Emmanuelle Dourson (Belgique).

           



         Curieux, ce 1er roman de l’autrice belge Emmanuelle Dourson (Prix 2022 de la 1ère œuvre en langue
française et Grand Prix du roman de l'Académie Royale de langues et de littératuresrançaises de Belgique (février 2022).

        Bien curieuse famille ! Chacun mène sa vie de son côté et chacun s’accroche à ses certitudes ou à ses chimères ! Curieuse aussi, cette construction inédite

         L’auteure nous livre un kaliédoscope familial. Jean, le père, presque grabataire, est attaché à Nabokov et au petit tableau de Smargiasi, comme un pendu à son arbre ; Yvan, le mari de Clélia, n’envisage que la photographie remaniée et un cliché inédit ; Clélia, l’une de filles de Jean, se cherche par la fuite (amant et projet en Ethiopie) ; Katia, la petite fille de Jean et fille d’Yvan et Clélia, se plonge dans l’Odyssée et le personnage d’Ulysse, un héros de compensation et cherche sa mère dans ses robes et soutien-gorge.

           En réalité, chaque membre de cette famille est en manque. Et tout le monde a quelque chose à se reprocher. On assiste à une sorte de confession collective, comme une culpabilité congénitale sur fond de péché originel et de pénitence : « Toujours souffrir, jamais sortir ». Le remords ronge inéluctablement cette famille.

           La mère, Mona, décédée, parce qu’obsédée par les lacs froids profonds et inaccessibles, regrette de ne plus être présente. Albane, l’autre fille de Jean, pianiste de talent, noie dans la musique classique, sa jalousie et la trahison de Jean. Jean et Clélia se demandent si Albane acceptera de se réconcilier avec eux. Pourtant ce sera elle ou la musique, qui rassemblera une partie de la famille par son concert de piano à la Palau de la Musica, à Barcelone.

           Curieuse la construction de ce récit. Tout le monde parle en même temps, même Mona, la morte intervient sans qu’on lui demande son avis. Et tout le monde tire la couverture à lui et se penche sur son propre sort.

          Ce roman diffracte le temps et l’espace, mélange allègrement légende et réalité, passé et présent, bouscule morale et bonnes mœurs. Descriptions exceptionnelles, acuité visuelle et olfactives hors pair et quelle beauté, en finale, cette présentation du concert de piano, dont la sonate 32 opus 111 de Beethoven !

            Nul ne saura jamais « si les dieux incendient le monde », mais assurément, cette jeune auteure de talent incendie ses lecteurs.

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