La disparue du Haut Atlas (Le lys bleu édition)
D' El Hassane Aït Moh (Maroc/France)
A priori, ce 4ème roman de l’écrivain marocain El
Hassan Aït MOH, par ailleurs diplômé en anthropologie et sociologie (Lyon
Lumière 2), pourrait être un voyage plein d’agrément tant par ses descriptions
précises et attirantes que par le périple où il nous entraine au Maroc :
le village de Tamara du Haut atlas, le col de Tichka entre Ouarzzazat et
Marrakech et enfin la mythique Marrakech (La Koutoubia, la place Jamaa Lafna,
le quartier Gueliz), mais, hélas, on ne saurait se méprendre, la disparue du
Haut Atlas, nous plonge crûment dans un drame que moult femmes de par le monde
subissent.
Le récit
Le village de Tamara est
en fête ; une fille du village se marie. Tous les habitants seront invités
et pourront faire bombance. Tout le monde a hâte. Mais catastrophe, la fête
espérée, enviée, tourne court ; la future mariée, Zahra « fleur en
arabe », une jeune ado, s’enfuit en cours d’habillement. Elle ne peut
supporter que son père « l’offre » » au vieux militaire du
village qui pourrait être son grand-père. Stupéfaction au village, affolement
familial, scandale, honte.
Dans un Odyssée qui n’a rien
d’un long fleuve tranquille, Zahra atteint bien le quartier Gueliz de Marrakech
où habite sa sœur, chez qui elle compte se réfugier. Mais elle n’atteindra pas
l’appartement de sa sœur ; agressée, violée, dans la rue ; elle se
réveille à l’hôpital et quelques temps après, constatera sa grossesse.
Autre déshonneur familial. Au
Maroc comme partout, l’hymen est considéré comme un bien familial qui note la
bienséance, honore la morale et surtout valorise le corps de la future mariée.
Rejetée de ses parents, surtout
du père qui se sent déshonoré aux yeux de tous, Zahra doit fuir à nouveau.
El Hassane Aït Moh pointe du doigt
le patriarcat aveugle, le mariage forcé, la névrose obsessionnelle de la
virginité, les médisances gratuites, la curiosité maladive des voisins, la
pression sociale persistante : comportements qui oppressent les femmes et en
premier lieu les jeunes filles et fillettes.
Mi roman sociologique, mi roman
surnaturel, (Zahra deviendra pour les femmes du village, sainte Lalla Zahra
avec son mausolée à l’entrée du cimetière du village).
Quand l’oppression est insupportable,
la croyance en une force surnaturelle rassure et permet d’aller de l’avant. Car
tout être humain se trouve bien désemparé devant le mystérieux angoissant.
Voici ce conte que nous offre l’écrivain marocain El Hassane
Aït MOH.
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