7 février 2021

 

                      Les impatientes (Emmanuelle Colas)

                     De Djaïli Amadou Amal (Cameroun)

                            

            « Les impatientes », c’est trois femmes, trois destins sacrifiés, une seule s’en échappera.

             Djaïli Amadou Amal, l’écrivaine camerounaise, nous brosse le portrait de Ramla, Hindou et Safira, trois sacrifiées sur l’autel de la tradition, des intérêts privés et du statut social, victimes de la gloriole masculine.

             Ramla est jeune, elle va passer le bac et envisage de devenir pharmacienne. Elle aime et est aimé d’Aminou. Mais tout s’écroule ; après une prière hâtive, la voilà mariée à un homme plus âgé, l’associé de son père.  Adieu rêve et avenir, sacrifiée sans autre forme de discussion. Pourtant, sa propre mère ressasse à longueur de journée rancune et rancœur, mais elle est soumise et doit se taire. Et, bien sûr, dans cette société les études sont inutiles pour une femme.

            Hindou, la sœur de Ramla, bien jeune aussi, au « caractère tranquille et soumis » est mariée à son cousin Moubarak, un bon à rien, un débauché, un violent, connu de tous comme tel, dont elle a peur. Mais il faut faire plaisir à l’oncle Moussa dont les co-épouses, à longueur de journée, se livrent à de rivalités qui en viennent parfois aux mains. Triste avenir. Hindou, sera violentée, cocufiée, battue par son mari, rejetée par son père quand elle viendra se plaindre. Elle finira dans la dépression et la mélancolie.

             Safira, elle, a 35 ans, c’est la seule épouse de son mari. L’arrivée de Ramla comme co-épouse bouleverse son existence jusqu’ici sereine. Son époux qu’elle interroge, lui répond : « La polygamie est normale et même indispensable pour le bon équilibre du foyer conjugal ».

           Safira déterminée, n’aura cesse d’agir pour provoquer le départ ou la répudiation de sa rivale co-épouse et tous les moyens seront bons.

          En fin de compte, Ramla après la perte de son enfant, s’enfuira et retrouvera et son amour de jeunesse, Aminou et son frère qui avait pris sa défense contre son père.

          Commentaires

        L’auteure camerounaise, féministe et victime de ces pratiques, apporte des réponses.

            Tout le monde conseille aux femmes : la patience, la munyal. Car la patience est une vertu, rappelle-t-on aux fillettes et aux femmes et il s’ensuit une cascade de recommandations qui s’abattent sur les femmes comme les criquets sur un champ de sorgho : « Craignez Dieu ; Ne boudez pas, ne suppliez pas ; ne réclamez rien », le tout recouvert du mot Coran qui touchant au sacré, réduit au silence.

        C’est un difficile combat pour la dignité des femmes que mène Djaïli Amadou Amal. Qu’a mené en son temps Mariana Bâ dans « une si longue lettre » et plus récemment, Fatou Keita avec son roman « Rebelle ».

           Il y a encore des Bastille à combattre. Outre la parole et la dénonciation, le plus sûr combat est bien l’éducation de tous et en particulier des fillettes. Victor Hugo avait raison de dire : « L’ignorance est la nuit de l’esprit ».

         Succès foudroyant que ce roman puisqu’il a obtenu le prix Goncourt des lycéens dans de nombreux pays, en France certes, mais aussi le Goncourt de l’Orient que dirige Salma Kojok (Liban), l’amie du Centre Francophonie, historienne et romancière.

       Un livre CHOC.

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Qui est madame Djaïli Amadou Amal?  Madame Amadou Amal est née en 1975 à Maroua dans le département de Diamaré au Cameroun.




                 C’est une militante féministe et écrivaine camerounaise d'expression française.

                   Madame Amadou Amal s’est affirmée comme militante féministe à la tête de l’association « Femmes du Sahel » devenant ainsi « la voix des sans voix ». 

                 Ce roman Les Impatientes, paru au Cameroun sous le titre Munyal ou les larmes de la patience a obtenu le Goncourt des Lycéens 2020 pour la France, l’Algérie, la Grèce, la Pologne, la Roumanie, la Belgique, la Suisse, l’Uruguay, de L’Orient et le Prix Orange du Livre en Afrique 2019.

                 À travers l'écriture, Djaïli Amadou Amal dénonce les pesanteurs sociales liées aux traditions et aux religions, les problèmes sociaux de sa région, notamment les discriminations faites aux femmes.

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