Sa dernière chance (Robert Laffont)
D’Armel JOB (Belgique)
L’être humain est ainsi
fait ; lorsqu’il se sent enfermé, son seul but est de se libérer. Et Elise
Dubois, le personnage central de ce roman sensible d’Armel Job, en est
l’illustration parfaite.
Elise Dubois et sa grande
sœur, Marie-Rose, perdent leur père d’un accident de voiture, puis leur mère
d’un cancer. Les voilà orphelines. Marie-Rose, l’aînée, protège et couve sa
petite sœur. Une fois gynécologue, elle aide sa sœur à devenir infirmière, mais
un évènement dramatique à l’hôpital où Elise exerce, provoque son renvoi.
Dès lors, Elise devient
tout naturellement la gouvernante du couple Gayet. Marie-Rose, très prise par
ses obligations à la maternité et Edouard Gayet, son mari, par son agence immobilière,
se déchargent du foyer sur Elise. Elle tient la maison : ménage, courses,
cuisine et charge des 3 enfants du couple.
Marie-Rose juge sa sœur
fragile et simple qu’il faut protéger à tout prix (ses économies sont même
gérées par Edouard !). Belles intentions qui permettent une présence à
demeure. Somme toute, une bonne familiale toute rêvée !
Mais Elise, presque 40
ans, a un besoin. Peu coquette, vêtue d’habits démodés, elle n’attire pas les
regards masculins. Peu de chance d’accrocher un homme. Il y a internet et les
sites de rencontres. Sous le prénom de Rachel, elle rentre en contact avec un
certain Tristan ; en réalité Pierre Fauvol, un antiquaire.
La 1ère
rencontre aura lieu au Belle-Vue, un café et l’histoire s’achèvera ou se
poursuivra, c’est selon, dans le même café. La boucle sera bouclée.
Le site est un site
catholique, géré par un certain chanoine Grimaux, ancien curé, ancien aumônier
d’hôpital et depuis, gérant des trésors de l’évêché. Ce chanoine, affranchi des
vœux de chasteté et de célibat, a l’addiction des pièces rares. Et par
l’intermédiaire de l’antiquaire, Pierre Fauvol, peu regardant sur l’origine des
objets religieux, le chanoine s’approprie des pièces rares. C’est son péché
mignon. Mais il faut de l’argent et de plus en plus. Et l’arrivée d’Elise qui
en a (le chanoine a été le confident des deux sœurs) fera l’affaire. Elle
parait simplette, un peu niaise, voilà le pigeon que la destinée envoie.
La rencontre chaste du café se
poursuit à l’hôtel. Pierre Fauvol, le coureur de jupons, habitué aux rencontres
sans lendemain et tarifées, pensant déniaiser une simplette, se retrouve,
éberlué, pris en main par une partenaire entreprenante et déterminée. Vouloir,
c’est savoir.
Or, pour réaliser son
objectif, Elise abandonne quelques jours le foyer Gayet et tout l’équilibre
familial est sens dessus dessous. Plainte de la sœur, stupéfaction du
beau-frère qui a des visées (pas très catholiques) sur sa belle-sœur et surtout
quelque chose à se reprocher, chagrin de la petite Marie.
Elise revendique son
indépendance et sa liberté. Angoisse du chanoine, rage du beau-frère qui par
jalousie sort un Luger, au nez de celui qu’il croit son rival. Le drame est
proche.
Si, tous les personnages,
excepté Marie-Rose, pataugent entre mauvaises accroches et combines douteuses,
Elise, elle, sera récompensée par sa détermination et vivra la félicité dans
« un futur simple affirmatif » (Chateaubriand) qu’elle recherchait.
Comme toujours, Armel Job, dans
l’univers habituel de Liège, sait mieux que quiconque, mettre à nu l’âme
humaine et pointer les petites ou grandes bassesses et les grandeurs d’âmes.
Style agréable, descriptions
précises, sens du détail, jeux de mots (Grimaux, Fauvol, Belle-vue). Un roman
prenant.
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Citation :
(p.62)
C’est, comme nous le savons tous, que les pensées, les sentiments ont le
pouvoir de transformer la physionomie.
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