10 novembre 2010

ACCUEILS D'ECRIVAINS FRANCOPHONES (suite)

Les 15,16 et 17 octobre 2010, à l'occasion de la 12ème FOIRE du Livre du Breuil (71), ville de résidence du Centre Francophonie de Bourgogne, le Centre, en collaboration avec l' Office Municipal de la culture de la ville, a accueilli plusieurs écrivains de la Francophonie qui ont, pour la plupart, rencontré au cours du salon de nombreux lycéens, collégiens ou primaires.

Voici une présentation de ces personnalités:

Anne CUNEO, l'un des écrivains la plus représentative de la Suisse Romande qui a bien voulu répondre à nos questions.

1) Votre saga « Zaïda » est un grand et beau roman. Pourquoi ce titre?
Le titre est choisi en mémoire d'une tante de mon père, Zaida Cuneo. Elle était beaucoup plus âgée que son frère, mon grand-père, et aurait en fait pu être la grand-tante de mon père lui-même. Je l'ai connue lorsque j'étais petite fille, et, dans une enfance sans grande affection, sa chaleur, sa drôlerie, sa manière de savoir se mettre à mon niveau d'enfant sans jamais faire preuve de la condescendance dont les autres adultes m'accablaient (ce qui me faisait les mépriser – oui, j'étais précoce) ont beaucoup compté pour moi. Je m'étais toujours promise de donner son prénom à un personnage, et puis cela s'est imposé lorsque j'ai voulu écrire l'histoire d'une jeune fille du XIXe siècle. Ma grand-tante Zaïda est morte âgée de 105 ou 106 ans, et est restée lucide et drôle jusqu'au bout. Elle s'est tout simplement éteinte un jour (comme la Zaïda du roman). A part cela, le destin de l'héroïne et celui de la femme réelle ont été différents, et n'ont en commun que l'époque où toutes deux ont vécu.

2) Pourquoi avoir choisi une femme de caractère et de sentiments pour nous faire parcourir le XXème siècle?

Je n'ai pas vraiment choisi ce personnage, c'est elle qui m'a choisie. J'avais lu pour des raisons professionnelles un certain nombre de romans d'amour qui se passaient au XIXe siècle (pour en faire une analyse), et je me suis soudain demandé si je serais capable d'écrire un roman si proche de nous dans le temps. J'ai commencé, et le reste a suivi tout seul. Je me suis ensuite inspirée de journaux intimes, de biographies et d'autobiographies du temps, je me suis documentée comme je le fais pour tout roman historique. Les femmes qui ont parcouru le siècle 1860-1960 ont vécu deux ou trois guerres européennes, et leur caractère a été trempé par les grands malheurs qu'elles ont subis, Zaïda ne pouvait être qu'une femme de caractère. J'ai ainsi découvert, pendant mes recherches, beaucoup de ces héroïnes silencieuses, que l'Histoire ignore généralement.

3) Vous êtes un auteur aux multiples facettes (romans, scénarii, radio, TV, etc… ), vous écrivez des romans policiers, avez-vous choisi ce genre pour vous permettre de montrer les divers aspects de la Suisse à travers le regard de l’enquêteuse Marie Machiavelli?

Marie Machiavelli, au départ, était l'antidote de mon travail de journaliste. En tant que journaliste d'actualité de la Télévision de service public je me devais d'être aussi objective que possible, et je n'avais pas à donner mon opinion, il fallait que je fournisse aux gens de quoi se faire la leur. Marie a été le canal par lequel j'ai exprimé mes sentiments face à la politique et aux réalités sociales de ce pays, que je montre évidemment, et sur lesquelles je peux, ici, jeter un regard franchement subjectif.
Présentation D'Anne CUNEO
Anne Cunéo est née à Paris en 1936 de parents émigrés italiens. Après la guerre, elle revient avec sa famille à Milan. Au décès de son père, elle passe une partie de sa jeunesse dans des internats religieux en Italie ou en Suisse. Elle fugue en Angleterre, y apprend l’anglais et revient poursuivre ses études à Lausanne où elle obtient une licence en lettres.Touche à tout, elle exercera de multiples métiers : serveuse, monitrice, téléphoniste, secrétaire, traductrice, enseignante, journaliste, scénariste et réalisatrice de cinéma !Ensuite, elle se lance dans l’écriture qu’elle ne quittera plus avec le succès que l’on sait. Elle aborde tous les sujets, et bien des genres, comme le roman policier, participe à des expériences cinématographiques, radiophoniques, théâtrales, passe à la mise en scène et à la réalisation.Cette auteure débordante d’énergie reste cependant à l’écoute du temps, se sent proche des gens malmenés par la vie et ce n’est pas un mystère si la sincérité de son écriture attire de nombreux lecteurs. Un grand écrivain.

Moussa Konté, un des écrivains majeurs de l'Afrique contemporaine

Trois classes du lycée Léon Blum (Le Creusot) ont rencontré Moussa Konaté dans le cadre du café littéraire.

Pour cette année scolaire 2010/2011, le lycée Léon Blum a décidé de reconduire le projet du café littéraire. Mis en place pour la troisième fois, son objectif premier est de donner envie de lire aux lycéens, de faire en sorte qu’ils prennent plaisir à ouvrir des livres pour s’enrichir par leurs lectures.
Pour les élèves concernés par le projet, les 2Bac Pro Elec, les 1CAP Coiffure et les 2Bac Pro Esthétique, plus de 130 livres ont ainsi été sélectionnés. Le principe étant que chaque lycéen, aidé par ses enseignants et les deux documentalistes, Séverine Dardalhon et Nathalie Monin, choisisse un ouvrage par trimestre et de faire un petit bilan à la fin de chaque lecture en répondant à un questionnaire.Mais l’intérêt du café littéraire, comme le nom l’indique d’ailleurs, c’est aussi de mettre en place des rencontres, d’organiser des échanges autour de la lecture. Vendredi après-midi, en partenariat avec le Centre Francophonie de Bourgogne, la venue de Moussa Konaté fut le premier grand moment du projet. Au CDI du site Lavoisier, les élèves, accompagnés de leurs professeurs, Nathalie Cicchetti pour les 2BP Elec, Catherine Bollery pour les CAP Coiffure et Florence Perceval pour les 2BP Esthétique, ont parlé avec l’écrivain malien. Deux heures environ durant lesquelles l'auteur s'est livré aux questions des lycéens.D’où vous vient votre aspiration ? Combien de temps avez-vous vécu au Mali ? Quel regard portez-vous sur l’Afrique d’aujourd’hui ?… Voilà quelques questions que les jeunes ont posé à l’écrivain. Interrogations qui ont donné lieu à des discussions intéressantes, car allant au-delà des simples clichés, sur l’Afrique Noire. Cela avant de finir autour du verre de l’amitié. L’Afrique Subsaharienne, Moussa Konaté en parlera aussi ce samedi après-midi à la foire du livre au Breuil. Il animera, à partir de 16h30, un débat sur le sujet « L’Afrique Noire est-elle maudite ? », intitulé d’un de ses ouvrages.

Quand Moussa Konaté parle de l’Afrique Noire Conférence-débat à la Foire du livre du Breuil (71) Le Dimanche 17 octobre 2010
« L’Afrique Noire est-elle maudite », ce fut le débat auquel s’est prêté l’écrivain malien Moussa Konaté à l'occasion de la première journée de la foire du livre.

Dans une foire du livre, il y a l’aspect foire en lui-même avec des stands installés un peu partout, mais il y a aussi l’aspect rencontres.Ainsi, samedi après-midi, après conférence sur le bassin creusotin donnée par Louis Lagrost, archéologue et historien bien connu localement, c’est l’auteur et éditeur malien Moussa Konaté qui a pris part à un débat sur l’Afrique Noire.
Considéré comme une référence en tant qu’écrivain africain, il a répondu aux questions de Mary Montagne, enseignante en économie et gestion au lycée Le Castel à Dijon, et a livré une réflexion de fond, peut-être un peu succincte au vu de l’importance du sujet sur lequel on pourrait parler pendant plusieurs heures mais en tout cas très juste, sur la situation de l’Afrique subsaharienne, Pour lui, il apparait évident que les difficultés du passé ont laissé des traces, la colonisation ayant par exemple fait perdurer « une solidarité entre riches » qui s’observe encore aujourd’hui, mais il croit aussi que cette vaste région du continent africain a les moyens de poursuivre son développement. Et, d’après lui, cela passe par les africains eux-mêmes qui doivent se détacher d’un modèle de société encore trop dominant actuellement, où le poids, l'autorité de la communauté écrase l’individu et donc empêche toute émancipation.Voilà pour résumer le constat auquel arrive l’auteur malien dans son ouvrage « L’Afrique Noire est-elle maudite ? ». A cette question, il répond donc non.

Présentation de Moussa KONATE
Mali Bourses du Centre national du Livre - 1990 et 1999

De tous les écrivains (contemporains) maliens, Moussa Konaté semble être le seul à vouloir vivre de sa plume. En effet, pour mieux se consacrer à l’écriture, Moussa Konaté, alors professeur de français au lycée, n’hésite pas à abandonner la fonction publique malienne sans réclamer aucun droit, après plusieurs années de travail.Cette décision fut, à l’époque, considérée comme de la pure folie, car personne ne croyait qu’il soit possible de vivre comme écrivain au Mali.

Moussa Konaté a d’abord été servi par une extraordinaire volonté de réussir, ce qui lui permit de surmonter bien des difficultés. C’est ensuite son amour pour la littérature qui fit le reste.Déjà en 1970, alors qu’il passait le baccalauréat, ses premiers textes étaient en chantier. Lorsqu’il publie son premier roman Le Prix de l’âme en 1981, sa maîtrise de la langue de Voltaire ne fait aucun doute. Loin de se douter du sort qui sera réservé à ce texte, il continue d’écrire. Si bien qu’au bout d’une décennie, il ne comptait pas moins d’une dizaine de titres. Aussi quand Massa Makan Diabaté meurt en 1988, Moussa Konaté est-il propulsé au-devant de l’actualité littéraire malienne comme le meilleur représentant de la littérature de son pays.
En 1997, Moussa Konaté crée les éditions Le Figuier, devenant ainsi le premier écrivain éditeur du Mali. Sans renoncer à son amour pour la littérature francophone, il travaille à la diffusion du savoir au sein du monde rural à travers des publications en langues nationales du Mali. Il réside aujourd’hui en Limousin où il a créé début 2006 la Maison d'édition "Hivernage". Il est également co-directeur du festival Etonnants voyageurs de Bamako au Mali.
Moussa Konaté a reçu le Prix Sony Labou Tansi des lycéens 2005 pour sa pièce Un appel de Nuit (Editions Lansman).
Son dernier livre : L’Afrique est-elle maudite ? est un modèle de sagesse et de reflexion.

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