28 janvier 2024

Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé (Calmann Levy) De Marc Alexandre Oho Bambé (Cameroun/France).

 

               Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et

 beaucoup apprécié:


                Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé (Calmann Levy)

            de Marc Alexandre Oho Bambe (Cameroun/France).








           Voici un livre polyphonique, au titre incitatif, dont l’humain chaotique en est le centre.

           L’histoire de « je », Jaromil en réalité, va son chemin cahin caha, entre heurs et malheurs, entre manque et passion, entre chutes et absence de père et repères.

           Comme tout humain possède une force de vie, « je » avance sur deux jambes. La 1ère , la musique, principalement le jazz, en est la jambe pilier. L’autre jambe est sans équivoque, l’affection pour sa fille, Indira, son aurore, son accroc à la vie.

          Mais que serait Jaromil, sans la protection paternelle et stimulante d' AL, le chef d’orchestre de ce band où « je » allait jouer « à bout de souffle » de la trompette.

          Jaromil, métis d’un père Noir, n’a jamais connu ce père que sa famille maternelle a drapé de silence : racisme ? honte ? On ne sait.

         Engagé dans ce band, « je » parcourt le monde, comme en famille tant les liens entre les musiciens sont forts et fraternels. Mais il y a Indira, il y a Maïsha, sa femme qui s’éloignera du domicile familial, car la drogue rend la vie difficile, jusqu’au jour où un colis avec lettres et cassettes est déposé dans sa boite à lettres. Ce courrier dit « Quand tu écouteras les cassettes, je ne serai plus de ce monde ».  C’est la voix de son père qui lui révèle son existence et lui assure qu’il a été obligé de s’éloigner car il a fait un acte répréhensible qu’il regrette, qu’il a toujours aimé son fils, qu’il a suivi sa carrière et s’en réjouit. Il est même allé l’écouter à plusieurs concerts, anonymement et, parfois, il en a pleuré de bonheur. Lourd témoignage pour « je »…

           Nul être humain n’est éternel et AL, son mentor, son père spirituel, meurt et selon son vœu, ses cendres seront dispersées au sommet du Kilimandjaro.

           Quand le vent éparpille les cendres sur les neiges éternelles, les musiciens réunis, (Indira et Maïsha sont présentes), interprètent une sérénade. Alors lui reviennent à la mémoire les mots de Al à son encontre : « Souffle, souffle petit, souffle… ».

          Tout semble apaisé, le bonheur est possible, espéré, entrevu, mais l’addiction à la drogue/poison rôde…

          Roman, profond, sensible, humain jusqu’au bout des espérances…

         Récit embelli de slams qui nous percutent, émeuvent, élèvent et rattachent la vie, la vraie VIE, parfois la  "vache" de vie...

                                           ---------------------------------

           Ecoutons quelques lignes : « Indira/mon cœur/tu m’as sauvé/hier/tu me sauves /encore/aujourd’hui…/Tu me sauves de toute rechute/Dans mes méandres…/Tu me sauves/sans le savoir/. (p.126)

Souffle petit/souffle pour/la tendresse à essayer/encore et toujours/

Souffle pour les nôtres/et les autres qui font/définitivement partie de NOUS/ » (p.244)

         Citation : (p.278) « Souviens-toi, la vie est un miracle et le bonheur un chemin incertain… »

                         ----------------------------------------------

NB : Le précédent roman de Marc Alexandre, "Les lumières d'Oujda" (Calmann Levy) était aussi un roman magnifique.
Pour info, Marc Alexandre est venu par deux fois au CFB.

 

19 janvier 2024

Les guérisseurs (Atelier des nomades) de Amarnath Hosany (Île Maurice)

 

Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et aimé : 

                Les guérisseurs (Atelier des nomades)



                         De Amarnath Hosany (Île Maurice)

             Ce court roman (92p.), à l’expression claire, aux mots justes et bien structurée, nous plonge au cœur d’une société repliée sur elle-même.

Le récit

             Un religieux (on ne saura jamais son nom) règne en maître et sur les esprits et sur les porte-monnaie des villageois. Ce religieux qui se targue de soigner les âmes et les corps, s’entoure de mystère avec force apparat, fumée d’encens et falbalas pour impressionner les « fidèles » et prescrit moult poudres et onguents que vend à prix exorbitants, sa femme, aussi accoucheuse du village.

           Jusqu’au jour où Amit, un jeune du village, parti faire des études de médecine à Londres revient en qualité de docteur et qu’intervienne, Ashwinée, une jeune prétresse, séduisante et déterminée, conteste l’arrogance de l’épouse du religieux à l’encontre des femmes du village, réunies.

         Dès lors les hostilités sont déclarées. D’un côté, s’unissent les conservateurs craignant pour leur pouvoir et intérêts (le député, le sergent de police et le bijoutier) poussés par le religieux et de l’autre le jeune docteur et la jeune prétresse.

          Il ne fait aucun doute que le divorce est évident entre la conception de la société du religieux : « Qu’une femme soit égale à moi, c’est inconcevable » et celle d’Amit : « Je crois surtout à la liberté de l’individu ».

          Il suffit qu’une épidémie grippale survienne pour que les poudres et autres onguents fassent apparaitre au grand jour l’incapacité du religieux à guérir les malades et dévoile la supercherie.

            Certes une religieuse plus humaniste remplacera le religieux et son épouse en fuite, mais peut-on se satisfaire que la médecine s’exerce désormais à l’ombre d’un temple quel qu’il soit ? Science et croyance ne sont pas, à l'évidence, du même ressort.

                                         -------------------------

NB. On notera le travail méritant des éditions de « L’Atelier des Nomades » pour promouvoir le livre, à l’île Maurice et bien au-delà.

                                  ----------------------------------------

11 janvier 2024

« Ton âme corail » (éd. De L’Aigrette) de Denis POURAWA (NC), poésie et « Le chevalet, la palette et le pliant » (éd. Wampum) de Philippe-Daniel CLEMENT (Québec), essai.

 

Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et apprécié deux ouvrages bien différents : 

« Ton âme corail » (éd. De L’Aigrette) de Denis POURAWA

 (NC), poésie 

              et « Le chevalet, la palette et le pliant » (éd.

 Wampum) de Philippe-Daniel CLEMENT (Québec), essai.


                            « Ton âme Corail » 

de Denis Pourawa (NC) est un petit ouvrage (52p.) organisé en trois parties.

         La 1ère partie, intitulée Introduction, est, en fait, une libre autobiographie kanake, une déclaration d’amour au « Caillou ».

« Si notre identité est devant » selon Jean-Marie Djibaou, Denis Pourawa nous plonge dans sa « vision futuriste, celle de sa nature d’îlien, sa vision intracellulaire née d’une parole omnivivante à travers tous les courants oraux colportés par les éléments naturels : eau, vent, cyclonique même » (p.12)

         La 3ème partie est une série de remerciements, un hommage amical à celles/ceux qui l’ont aidé, encouragé ou qu’il a côtoyés.

        La 2ème partie, poétique celle-ci (p.24 à 45), qui nous a séduit, est une série de 16 textes poétiques, en vers libres, de grande facture.

« Le souffle venu de l’île/ quelques chose de mêlant coolie…le chant volcanik/le mont insulaire/l’irruption » (p.23-24)

«Tout s’arrime…L’art de cheminer/L’archipel du poème/ toute âme horizon, âme d’amour sans fond, toute âme allumée » (p 27)

« Quand tout autour se/ couvre de/ sombre … Alors le poème/plus doux/plus exaltant » (p.33)

           


Poésie à lire, dire et relire.

                                       ----------------------------------

                 « Le chevalet, la palette et le pliant » 

de Philippe-Daniel CLEMENT (éd. Wampum) (Québec) (164p)


       P.D. Clément se livre à un nouveau genre littéraire que Louis Moreau de Bellaing nomme « le récit mythique ». Il s’agit d’un libre ressenti face aux tableaux de Van Gogh, à partir de l’empathie de l’auteur.

         P.D. Clément se base sur son propre regard mais aussi sur les nombreuses lettres (850) du peintre à son frère, Théo ou à des amis. On sait combien Van Gogh s’appliquait à bien écrire comme à bien peindre.

         Quelques tableaux sont revisités par rapport aux lieux où ils ont été réalisés : Etten, La Haye, Nuenen, Paris, Arles, St Rémy-de-Provence, Auvers-sur-Oise.

        Sensible revisitation de ce grand peintre, traité aussi de « peintre fou », tourmenté par la vie, cependant précis dans ses écrits et exigeant dans son œuvre et qui serait mort accidentellement, suite à un coup de feu, tiré par le gamin d‘une ferme d’Auvers, qui jouait avec une arme …

             En tant qu’européen, on serait, sans nul doute, intéressé par le même procédé appliqué à J. P. Riopelle, P.E. Borduas ou M.A. Fortin, célèbres peintres québécois.

                                       ----------------------------------------

Les visiteurs du blog

Publication C.F.B

Publication C.F.B
Pour en savoir plus: "classement thématique" du site