15 juin 2015

Accueil de l’écrivain Québécois, Christian Bilodeau.


           
Le Centre Francophonie de Bourgogne a reçu Christian Bilodeau, poète et écrivain, le vendredi 5 juin 2015, grâce aux infos des amis de Bourgogne-Québec.
            L’écrivain de la Belle Province, achevait une résidence d’auteur de 3 mois à la Maison Jules-Roy de Vézelay (89 France).
           Après avoir honoré une rencontre avec la jeune chambre économique de Mâcon, le jeudi 4 juin, il a posé ses valises le 5 Au Creusot, à l’invitation du Centre Francophonie. Le lendemain, il était à la bibliothèque de Dracy-Le –Fort qui inaugurait une exposition sur le Québec ; il s’est dirigé ensuite vers Auxerre et la Maison de la francophonie, nos partenaires et amis, avant de reprendre l’avion pour le Québec, le jeudi 11 juin.
            Le vendredi 5 juin, le Centre Francophonie de Bourgogne avait donc organisé une rencontre-débat à la BM de Saint Symphorien de Marmagne, charmante bourgade bourguignonne, non loin du Creusot.
           Cette BM est gérée par le Foyer Rural qui nous a accueillis avec gentillesse et sympathie.
         Au cours de cette rencontre, Christian Bilodeau a répondu aux nombreuses questions sur son roman, décortiqué au préalable par le CFB, mais aussi aux questions des auditeurs qui ont porté sur la situation des Inuits et les dangers de pollution de la Baie d’Hudson vu les nombreuses extractions envisagées.
La bibliothécaire, madame Couraud à droite
           

Le public à Saint Symphorien
















           Christian Bilodeau, genre aventurier, est un personnage sympathique, sensible, qui écoute, observe, enregistre et profite de chaque instant de la vie.
           On sent qu’il comble son besoin d’absolu par les mots, par l’amour de la poésie, par le contact avec la nature et que sa recherche de beauté et d’absolu est un moyen, un moteur pour vivre, voire survivre. Comme il le dit : « Pour écrire, j’ai besoin d’émotions, d’enchantement. Je suis réceptif à la force d’un lieu. » . Et on ajoutera par le contact avec les gens qu’il affectionne et recherche.
         Court séjour qui laissera néanmoins de bons souvenirs.
                                    ---------------------------------------------
A noter que Christian Bilodeau a publié auparavant au Québec deux ouvrages: 
     - Lancer un câbles aux étoiles 
     - Par le carreau de ma fenêtre








--------------------------------------- 

14 juin 2015

Aux pays d’Alexandre

             Titre :  Aux Pays d'Alexandre
                   Auteur:  Christian Bilodeau 
                   Editeur:    Editions de la semaine (Québec)            
                   Genre: Roman

Christian Bilodeau

            Alexandre un quadragénaire Québécois dont les descendants étaient venus de France s’apprête à entreprendre un périple en vélo de Dieppe à Marseille en passant par la côte.
           A Paris, dans une brasserie, il est attiré par une jeune femme, elle aussi Québécoise, Vanessa, photographe. Ils décident de reprendre contact une fois au Québec.
          Dans le train qui l’emmène à Dieppe,  Alexandre fait la connaissance d’un vieillard, Raoul, qui a perdu sa famille sous les Nazis et qui en tire une philosophie de sagesse devant la vie.
          Raoul l’héberge le soir même et restera tout au long de sa vie une conscience de sagesse.
          Alexandre est divorcé de Pascale. Ils ont eu Jonathan. Il vit chez sa mère et en veut à son père de les avoir quittés pour Anne, une violoniste, un peu plus jeune qu’Alexandre. Ils resteront 10 ans ensemble. Puis se sépareront.
          Le 1er jour, le périple s’annonce magnifique et le soir, au campement improvisé, une petite fille qui essaie en vain de faire voler son cerf-volant lui demande s’il est venu d’au-delà de l’océan pour faire voler les cerfs-volants.
          Il doit interrompre brutalement son projet. Son fils Jonathan a été victime d’un grave accident. Il lui faut rentrer au Québec et annuler son voyage.
         Il retrouve son fils à l’hôpital avec sa mère, Pascale. D’abord incertaine, la santé de Jonathan semble s’améliorer. Alexandre recontacte Vanessa et assiste au vernissage de son exposition de photos. Il achète une œuvre, vont manger ensemble et passent la nuit. Une nuit d’amour partagé. Mais en la ramenant chez elle, elle est fauchée par une voiture et décède. Le monde d’Alexandre s’effondre. L’œuvre restera comme une "chanson fétiche".
        Il décide pour donner un sens à sa vie de renouer avec son fils et lui propose un voyage à deux chez les Inuits.
        Guidés par Naomi, Amarok puis Bly, ils séjournent quelques jours au pays du froid à la découverte des habitants et de leurs habitudes de vie. A un endroit prévu, ils déposeront des objets chargés de sens pour eux : une bouteille, un bouchon de champagne.
        Jeunes et du même âge, Naomi et Jonathan tombent amoureux et choisiront de vivre ensemble pour finir leurs études.
         Alexandre a des problèmes de cœur qui s’amplifient. Hospitalisé, il dècèdera non sans avoir réussi à se réconcilier avec son fils et le savoir heureux. Il partira en paix.
         Entre temps, le vieux Raoul est mort et a légué à Alexandre sa maison de Dieppe puisqu’il n’avait plus aucun héritier.
        Jonathan et Naomi pourront s’y rendre et entreprendront le même périple à vélo de Dieppe à Marseille en suivant la côte.
        Belle écriture, de l’émotion. Des chutes bien placées. Un roman agréable.
                                --------------------------------------------------
Citations
         "Certains départs font des trous au cœur, aussi grands que le plein d’espérances de certaines arrivées." (p.13)
          "Le seul âge véritable est celui de l’accueil à l’autre, de l’esprit, de la jeunesse de cœur, sans les préjugés qui empêchent de voir l’étendue de l’univers. "(p.51)
           "L’existence est fragile comme une feuille à l’arbre, balayée par les forts vents d’automne. "(p.79)
            "La plus grande tâche pour l’homme n’est pas de refaire le monde, mais de refaire et défaire son monde tout au long de ce fabuleux périple qui mène à soi. "(p.91)
            "Je sais maintenant à quel point l’émotion est nécessaire, qu’elle donne à la vie son intensité, comme les couleurs sur le chevalet du peintre. "(p. 100)
            "J’adore quand on me surprend et qu’on m’amène là où je ne m’attends pas à me retrouver."(p. 110)
                                         ---------------------------------------------
            Brève biographie: Christian Bilodeau a travaillé dans la communication et la gestion culturelle. Il a développé un temps le programme jeunesse Katimavik, genre service social pour les jeunes. Il a surtout mis sur pied la fondation Felix-Leclerc, sur l'Ile d'Orléans. Il y a consacré 10 ans de sa vie.
Poète, il a publié le recueil "Lancer un câble aux étoiles" et récemment le roman "Aux pays d'Alexandre" (La semaine) Québec. Il a pour projet de se consacrer désormais à l'écriture.
                                                     ------------------------------------------------------------------


Accueil de l’écrivain Malien, Ousmane DIARRA


         Le Centre Francophonie de Bourgogne a accueilli les 26/27 et 28 mai 2015, Ousmane Diarra, écrivain, conteur et, par ailleurs, bibliothécaire au Centre Culturel Français de Bamako (Mali).
Ousmane Diarra
         L’écrivain Africain a répondu à plusieurs interviews de la presse régionale que nous publions intégralement en annexe. Il a rencontré et échangé avec 3 classes de lycéens (100 élèves), du lycée Léon Blum du Creusot. Il a conté des récits de la tradition subsaharienne devant 4 classes maternelles (Langevin-ville de Montchanin) et (Michelet-Montchanin) :100 jeunes enfants et devant 3 classes élémentaires (Curie/Pasteur-Montchanin) :90 élèves.
Un conteur en action



Avec des lycéens



    




  



Romancier et témoin privilégié de son continent, Ousmane Diarra a rencontré aussi et surtout ses lecteurs.
D’abord, le mardi 26 mai à la Maison des Familles, à Torcy, qui s’est terminé par un léger repas pris en commun avec les participants, puis le jeudi 28 mai à la BM de Saint Léger sur Dheune (71 France). Rencontres-débats exceptionnelles tant par les propos de l’auteur que par l’intérêt et la qualité d’écoute des auditeurs, rencontres où Ousmane Diarra a pu s’exprimer librement.
Une des rencontre-débat, ici à la Maison des Familles à Torcy
       Il a expliqué la réalité africaine composée de peuples différents mais que l’histoire a mêlés. Il a abordé le problème d’un fanatisme religieux, le souci pour un Etat et les citoyens d’un islamisme violent et intolérant. Il a bien évidemment démontré les causes de cette inquiétante montée religieuse pas seulement de l’Islam, il y a aussi une poussée des Evangélistes.
      Pour lui, tout commence par le catastrophique ajustement structurel imposé aux pays africains par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Il a eu pour conséquence de pousser à la retraite des milliers d’enseignants, les plus expérimentés ! Et, par conte coup, de jeter à la rue, du jour au lendemain, des centaines de milliers d’enfants et de cloîtrer à la maison de très nombreuses jeunes filles. Les écoles coraniques ont pullulé avec des crédits souvent venus des Pays du Golfe, pour occuper ce flot d’enfants désoeuvrés avec les dérapages religieux inévitables que l’on connait.
 Bravo le gâchis des apprentis sorciers de la finance mondiale !!!!
      Le Mali est un pays laïc dans sa constitution, même si 90% de la population se dit musulmane. Le peuple Malien est un peuple pacifique qui pratique une religion tolérante et apaisée et cette forme religieuse d’autres berges perturbent l’équilibre social.
      On peut retrouver les idées d’Ousmane Diarra, à travers ses 3 romans, tous au fonds francophone à la BM du Breuil : Vieux Lézard, Pagne de femme et La route des clameurs, (Gallimard).
      Ousmane Diarra a impressionné ses auditeurs par son analyse méthodique et sûre, par son souci de démocratie, par l’amour de son pays et par son optimisme en les composantes de la société malienne.
    Comme il le dit et répète, il n’est pas contre la religion musulmane. Il est seulement opposé à un  islamisme violent. Dans une société équilibrée, toutes les religions ont leur place. Tout individu doit être libre de ses choix sans pression individuelle ou collective.
La démarche d’un sage !
     Au cours du mercredi après midi 27 mai, le Centre Francophonie avait organisé pour Ousmane Diarra une rencontre plus Bourgogne profonde. Un repas de midi chez un couple ami qui a ouvert un « accueil paysan » (il y en a 4 ou 5 au Mali) et le hasard a fait que la fin de soirée s’est achevée chez une ancienne universitaire franco-québécoise, Françoise Têtu, spécialiste avec Michel, son mari, des cultures francophones et grands avocats tous les deux de la francophonie, d’autant qu’ils ont reçu dans leur maison, à Québec, autrefois : Dadié, Senghor, Césaire, Damas, Kourouma, Hampâté Bâ et bien d’autres ! Des grands noms de la francophonie humaniste.
       Riche séjour d’Ousmane Diarra en Bourgogne.








Le Centre Francophonie de Bourgogne remercie Ousmane de sa venue et lui souhaite de belles productions, y compris pour la jeunesse. Et à son pays , le Mali, paix et développement.
                                  ------------------------------------------------

    
Ousmane DIARRA, écrivain Malien (Bamako) : «Avec les aternoiements de la communauté internationale, le risque de la disparition du Mali est revenu»
Le Jeudi 21 mai 2015 @ 12:09:45 Partager


1OUSMANEDIARRA.jpg
L'écrivain sera en Saône-et-Loire et au Creusot, à partir du mardi 26 Mai, pour plusieurs rencontres.



Ousmane Diarra sera l’invité, les 26/27/28 mai, du Centre Francophonie de Bourgogne, présidé par Claude Thomas. Il devrait rencontrer beaucoup de monde, des enfants, des lycéens, des adultes. Il s'est confié dans une interview.

L’écrivain malien Moussa Konaté, une des figures de l’Afrique contemporaine, décédé en 2013, est venu plusieurs fois au Breuil, en Bourgogne. C’était un habitué.
Dans son essai « ‘L’Afrique Noire est-elle maudite ? », il tentait de montrer les maux récurrents du continent. Que reste-t-il des messages de Moussa Konaté ? Pour vous ? Pour le Mali ? Voire l’Afrique ?

Ousmane Diarra : «Je puis dire que « L’Afrique noire est-elle maudite » est, en grande partie, issue de nos longues discussions, Moussa et moi.
C’est un livre qui nous invite, nous Africains,  à nous  interroger sur l’Afrique, sur le fonctionnement des sociétés africaines. Et Contrairement à ce que certains ont dû penser, il est loin d’être livre « afro-pessimiste ». Il pose plutôt les jalons d’un possible renouveau de l’Afrique, un renouveau fondé, non pas sur les sempiternelles lamentations sur notre passé –même si le dit passé reste pour beaucoup dans le retard du continent-, ce qui peut, des sociétés africaines, constituer des entraves au développement, à la modernisation de l’Afrique. 
Pour moi, c’est un livre important, qui invite à la réflexion, au changement de mentalités. Au Mali comme en Afrique»

Dans vos 3 romans : « Le vieux Lézard », « Pagne de femme » et surtout le dernier «  La route des clameurs », l’islamisme et l’intégrisme religieux sont des préoccupations pour vous. Quelles en sont les raisons ?
«Parce que j’ai vu venir cette radicalisation. J’ai vu les discours politique remplacés par les prêches, et j’ai vu ceux-ci devenir de plus en plus violents. Pour moi, tout cela n’est ni plus ni moins qu’une entreprise de colonisation du Mali et de l’Afrique, la plus dangereuse, car elle se fait par la conscience.
L’islamisme intégriste est donc non seulement une menace pour le Mali et l’Afrique, mais aussi pour toute l’humanité. Il suffit  qu’on imagine, aujourd’hui, avec toutes ces armes de destructions massives dispersées aux quatre coins de la planète, ce que peut être une guerre des religions. Merci».

Quelle est la situation au Mali aujourd’hui après le drame que vous avez vécu ?
«Il y a de l’espoir. Nous attendons avec impatience la signature des Accords de paix par les Groupes armés. C’est notre seul espoir. A défaut, nous serons obligés de nous battre, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences, dont la résurgence (en cours) des djhadistes. Le Mali a failli disparaître sous leur assaut meurtrier. Avec les atermoiements actuels de la communauté internationale, ce risque est revenu»
                                                ----------------------------------------------------

                   Le journal de Saône et Loire

Torcy (71)   Ousmane Diarra : « Le Mali a foi en son avenir »

Le Centre francophonie de Bourgogne accueille Ousmane Diarra, écrivain malien, conteur et bibliothécaire à l’institut français de Bamako. Une conférence-débat est prévue mardi 26 mai à la Maison des familles de Torcy.

Dans quelles conditions avez-vous écrit votre dernier roman, La Route des clameurs ? Où puisez-vous cette énergie que l’on retrouve dans vos livres ?
En écrivant La Route des clameurs, j’étais en colère, meurtri dans ma chair et dans mon âme, révolté contre ce qui arrivait à mon pays. On voulait me le voler. On voulait me le prendre de force et faire de mon peuple un peuple d’esclaves. À coups de mensonges, d’impostures, de violence, d’humiliation, etc. Mon énergie, je la puise dans l’amour de la vie, l’amour de la liberté, l’amour de mon pays. Pour protéger mes enfants, je me suis retiré du centre-ville, à 25 km. Je ferme mes portes. Mes enfants, s’ils ne sont pas à l’école, sont à la maison avec les livres ou en train d’entretenir les arbres du jardin. J’ai interdit ma maison aux vendeurs de chimères.
La devise du Mali est « Un peuple, un but, une foi ». La foi musulmane est ébranlée face à la montée du djihadisme, du terrorisme. Comment protégez-vous vos enfants ?
La foi dont il est question dans la devise du Mali, c’est plutôt celle en l’avenir du pays, du peuple malien. Il s’agit de la confiance dans notre avenir collectif, un pays prospère. Il n’y est pas question d’une quelconque foi religieuse. La Mali est un pays laïc où chacun a le droit de pratiquer la religion de son choix. C’est ce qui est écrit dans notre constitution et que je défends. Mais il est vrai aussi que ce djihad que nous subissons n’a rien à voir avec l’esprit de l’islam que nous avions connu de par le passé.
Moussa Konaté (écrivain malien, Ndlr) était très important pour vous. Seriez-vous prêt, comme lui, à abandonner votre métier de documentaliste pour vivre de votre plume ? Les éditions Gallimard ont trouvé en vous un grand écrivain, peut-être vous l’ont-il proposé ?
Moussa Konaté ! Je peux dire que je suis son héritier spirituel. À Bamako, à Paris, à Limoges, nous passions des heures et des heures à parler du Mali, de l’Afrique, de l’humanité. Il n’était pas seulement un grand frère, mais un ami, un confident. Il va sans dire que, si l’occasion m’est donnée de vivre de ma plume, je n’hésiterais pas une seconde à le faire, à l’instar de Moussa Konaté.
Moussa Konaté avait l’ambition d’ouvrir des petites bibliothèques dans chaque école. En tant que documentaliste, cette ambition pourrait-elle être la vôtre ?
J’ai justement beaucoup discuté de ces petites bibliothèques avec Moussa Konaté. À défaut de pouvoir en ouvrir dans chaque école du Mali, je travaille déjà au projet de le faire dans les écoles de Nyamana, le grand quartier de la périphérie où je vis désormais.
Conférence-débat mardi 26 mai, à 19 heures, à la Maison des familles de Torcy. (Valérie JULIEN)
                              --------------------------------------------------------------------------

LYCEE LEON BLUM : Ousmane Diarra s’est exprimé franchement sur le Mali
Le Mardi 02 juin 2015 @ 02:56:00 Partager


DIARRAAULYCEE1.jpg
Et il a partagé notamment une vision néfaste du radicalisme religieux.

DIARRAAULYCEE10.jpg

Ecrivain malien de Bamako, Ousmane Diarra avait été sollicité par le Centre Francophonie de Bourgogne pour venir parler de son dernier roman « La route des clameurs ». Un écrit, avec un contexte en toile de fond, qu’il a partagés lors de deux rencontres mercredi dernier, le matin au lycée Léon Blum devant des élèves de première année de CAP Coiffure et de seconde et terminale Esthétique, et le soir à la Maison des familles de Torcy.

De sa vie d’homme à celle d’intellectuel, Ousmane Diarra a échangé franchement avec ses interlocutrices et interlocuteurs. D’abord sur le père qu’il est, faisant tout pour que ses enfants grandissent sainement, lui qui a été orphelin dès l’âge de deux ans... Ensuite sur la lecture et l’écriture, lui ayant permis de « sortir de l’enfermement » et considérant les écrits comme des moyens de combattre l’intégrisme, le radicalisme religieux. Pour empêcher celui-ci de « travailler sur l’esprit ».
C’est notamment en ce sens qu’il a livré son point de vue sur la situation actuelle au Mali, et sur les dérives qui s’y sont développées depuis les années 1980...
« Revenir aux fondamentaux »
Vous dites que l’écriture est une arme. Est-ce la première raison de l’écriture de votre roman « La route des clameurs » ?
« Oui. Quand les deux tiers du pays sont occupés par des gens qui veulent nous effacer en tant que civilisation, je ne suis pas militaire, mais mon arme est celle de témoigner. »
La disparition de l’école publique est un danger là-bas…
« J’en suis le fruit, de cette école. A partir des années 1980 et les licenciements en masse dans l’enseignement pour satisfaire les ajustements structurels demandés par le FMI, le délabrement de cette école a eu pour conséquence l’invasion de l’espace de l’enseignement par des écoles coraniques, des écoles privées. Le manque de formation des enseignants a permis aux intégristes d’envahir l’espace public avant même de prendre les armes. Le religieux a pris une place plus importante que la politique. »
Comment selon vous la population malienne peut-elle repenser par elle-même ?
« C’est une question de s’assumer, d’oser. Ça passe notamment par les intellectuels, les artistes, les écrivains... De même que les politiques. Aujourd’hui, il n’y a pas assez d’audace, il n’y a pas assez de courage. Alors que nous devons rappeler des fondamentaux à la population malienne.
Ceux qui en font preuve sont ciblés comme des vendus à l’occident, donc la place de l’intellectuel devient difficile et beaucoup d'entre eux n’assument pas. Ils n’osent pas penser publiquement contre l’islamisme radical et l’intégrisme, par crainte pour leurs familles. »
Quel est votre sentiment sur la religion comme façon de penser ?
« Pour moi, ce n’est pas une identité. Elle ne doit pas être une identité. Or la tendance actuelle est préoccupante et elle est un vrai problème pour les populations. Dans ces pays comme le Mali où une majorité de la population est musulmane, les intégristes veulent imposer l’islam comme une identité alors que ça doit rester une croyance.
C’est aussi pourquoi ils s’acharnent contre les pensées traditionnelles qui ouvrent l’esprit des gens sur d’autres cultures et d’autres civilisations. »
Comment protéger les populations et les enfants de cet intégrisme religieux ?
« La meilleure manière est de revenir à l’école publique, républicaine, laïque et obligatoire. Au Mali, je pense qu’il n’est pas trop tard car la majorité de la population reste convaincue par ce système. Mais si ça tarde trop, les intégristes et leur radicalisme auront pris toute la place...
Il faut d’abord un assainissement politique, que les dirigeants du Mali prennent leur courage à deux mains, qu’ils arrêtent les discours démagogiques qui servent juste à instrumentaliser la population. Ils la rassurent pour être élus au lieu de faire face aux vérités. Il est question de conscience politique. »
D’un côté vous dites qu’il n’est pas trop tard pour retrouver de vraies valeurs, mais de l’autre vous vous montrez pessimiste ?
« Oui car il y a une confusion terrible... La démocratie c’est quoi ? La liberté de s’exprimer et la conquête du pouvoir sans violence. Par les arguments. Sauf que les intégristes en profitent aussi et qu’il faut faire attention. Car au final, leur objectif est bien de tordre le cou à la démocratie. »
Alix BERTHIER








12 juin 2015

La maison d'en face de Francine Allard (Québec)

          Titre : La maison d’en face
          Auteur : Francine Allard
          Editeur : La Semaine (Québec)
           Genre : Roman

           Voici donc, Estelle, la veuve d’un médecin, qui observe de plusieurs endroits de sa maison, souvent à la jumelle, ses voisins. Sorte d’écornifleuse, un peu trop curieuse.
           Il y a ce voisin bourru, à l’accent prononcé, Stanislas Morin, dit Stan-la-matraque, qui n’a pas l’air d’aimer les animaux et que tout le monde redoute.
           Mais il y a aussi et surtout la maison d’en face, d’où le titre, dont les occupants ne restent pas longtemps et qui, sans crier gare, déménagent promptement sans laisser d’adresse. Curieux, ce remue-ménage, surtout pour une curieuse !
          Estelle avec son amie Marguerite, veuve aussi, voudraient bien savoir ce qu’a cette demeure à ne jamais garder ses habitants. Jusqu’au jour où une voiture de police vient stationner quelque temps à côté de la dite maison et qu’un policier frappe à la maison d’Estelle pour l’interroger. Bizarre tout cela surtout que Stan-la-matraque a disparu et que sa maison s’est volatilisée. Comme disent Estelle et Marguerite interloquées,  accourues pour constater le tas de gravats à la place de la maison : « ça parle au diable ! »
         Auparavant, une vieille Squaw, une Abénaquise, Marie-Agathe Saindon, mais Mollyockett Sandy selon sa nation,  était entrée en amitié avec Estelle. Or, l’Amérindienne s’avéra être la tante de Tellis Sandy, une des derniers  occupants de la maison d’en face, nièce prétendument artiste qui partira aussi très vite non sans laisser entendre à Estelle qui veut savoir le pourquoi du comment, qu’elle veuille bien s’occuper de ses oignons…
          Mais quel choc quand Stan-la-matraque apparaîtra dans… la cave d’Estelle !!!
          Entre espionnage et contre-espionnage, entre agent double et le calme du rang Sept, le petit lotissement, Francine Allard, l’auteure Québécoise dont la compétence et la notoriété ne sont plus à faire, sait recréer dans ce roman, grâce à son observation minutieuse, une atmosphère à la fois bonne enfant et mystérieuse, sans oublier l’humour souvent sous-jacent.
           Francine Allard, femme de médecin, ne manque pas de rappeler la fragilité du corps humain et le côté aléatoire de la vie. Elle sait pour l’avoir vécu à travers un proche, sa propre mère, que la mort est inévitable mais qu’auparavant, en fin de vie, aux soins palliatifs, « le visage se flétrit, le corps se dégrade et la laideur survient ». A quoi bon parler, alors, de vie éternelle, de résurrection, de bonheur dans l’au-delà ?
          Nécessité de réconfort, besoin de foi ou sornettes ?
                  Par ailleurs, Francine Allard ne manque jamais, à travers ses œuvres, de faire un clin d’œil aux artistes de son pays, (ici Riopelle, Lemieux et Borduas) et de montrer une société québécoise dans sa diversité.
          La marque d’une écrivaine à l’écoute, bien ancrée dans sa société.
  Style agréable.

                                    ------------------------------------------------

Francine Allard, l'écrivaine Québécoise bien connue du Centre Francophonie de Bourgogne

9 juin 2015

Le Centre Francophonie de Bourgogne au 19 ème congrès France-Québec et Québec-France, à La Rochelle, le 15 mai 2015.

Le Centre Francophonie de Bourgogne au 19ème congrès France-Québec et Québec-France, à La Rochelle, le 15 mai 2015.

               Rémi Martin, l’ancien président de France-Québec, avait émis l’idée de programmer un débat portant sur la francophonie.
 Georges Pierre, le secrétaire général d’alors et l’actuel président de Bourgogne-Québec, a mis sur pied une table ronde intitulée
                            «La Francophonie dans tous ses états ».
La table ronde
             Comme le Centre Francophonie de Bourgogne, (CFB), est un partenaire privilégié de Bourgogne-Québec, nous avons des actions culturelles communes, Georges Pierre a sollicité, Claude Thomas, président du CFB, pour animer la table ronde.
           Ont été conviés à s’exprimer :

Françoise
-         Françoise Têtu de Labsade, universitaire, ancienne professeur de civilisation et de littérature québécoise,  qui a enseigné une vingtaine d’années à l’université Laval (Québec). Elle a publié un ouvrage référence « le Québec, un pays, une culture » (PULaval). Elle a élaboré et publié chaque année, avec son mari, Michel Têtu,  l’année francophone internationale, revue annuelle qui présente tous les pays francophones.

Alexia
-         Alexia Sanzey Guimondo, (Centre Afrique), jeune volontaire internationale de la francophonie.


-     






Josette
                                                                 Josette Robinson (Martinique et Guyane), ancienne enseignante et principale de collège en Guyane.





Dave
-         Dave Lanteigne (Nouveau Brunswick), artiste, compositeur et interprète.







Une vue de la salle

Claude Thomas présentant un livre référence


           La table ronde a été doublée pour permettre à un maximum de congressistes de participer. Il y a donc eu deux séances : 14h-16h et 16h-18h.
L’objectif est bien de communiquer, écouter, échanger, se rassembler autour de l’usage d’une même langue tout en mettant en valeur nos diversités culturelles.              Le débat a porté successivement sur les 5 points mentionnés ci-dessous et chaque intervenant apportait son éclairage et connaissance sur la région qu’il représentait.
 Josette Robinson a projeté un diaporama fort intéressant sur les Caraïbes. La salle était sollicitée régulièrement pour intervenir.
          Voici les thèmes abordés.
           1) La langue, les langues
  2) La langue française : Que porte-t-elle ? Une histoire, des valeurs, des idées, un idéal ?
  3) La spécificité de la francophonie
  4) Toute langue doit lutter pour exister. La langue française n’échappe pas à la règle.
  5) Spécificité de chaque aire géographique : Amérique du Nord dont le Québec, Maghreb, Afrique Noire, Moyen Orient, Océanie, Océan Indien, Caraïbes
Pour élargir le débat et montrer la richesse de la francophonie, Claude Thomas a présenté chaque aire géographie par un ou deux ouvrages référence.
           Amérique du nord (Québec): La couturière (3t.) de Francine Allard  (Les trois pistoles)
                                          (Acadie) : Pélagie-La-Charrette d'Antonine Maillet  (Léméac) 
            Maghreb  (Algérie): La maison de lumière  de Nourredine Saâdi (Albin Michel) 
            Océan indien (Ile Maurice): Le voile de Draupadi  d'Ananda Devi (L'Harmattan)
            Moyen Orient (Liban): Le roman de Beyrouth  d'Alexandre Najjar (Plon)
            Caraïbes (Haïti): Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain (Zulma)
            Océanie (Polynésie): L'île des rêves écrasés de Chantal Spitz (Au vent des Iles.
            Suisse romande : Zaïda d'Anne Cunéo (Bernard Campiche)



 Enfin une liste des principaux Prix francophones a été donnée: 
               Prix des 5 continents de la francophonie, 
               Prix Ahmadou Kourouma, 
               Prix France-Québec dont on trouvera ici les listes.
Chaque séance s’est achevée par deux chansons de Dave Lanteigne.
                     ---------------------------------------------------
                    Le prix Ahmadou Kourouma 
                                  2004
« Survivantes. Rwanda. 10 ans après » (Edition de l’Aube)
     Esther Mujawayo (Rwanda) et Souâd Belhaddad (Franco-algérienne) 
                                       2005
« Matins des couvre-feu » (Gallimard) de Tanella Boni. (Côte d’Ivoire) 
                                       2006
« Babyface » (Gallimard) de Koffi Kwahulé. (Côte d’Ivoire) 
                                        2007
« Le paradis des chiots » (Mercure de France) de Sami Tchak. (Togo) 
                                        2008
« Le bal des princes » (Actes Sud) de Nimrod. (Tchad) 
                                        2009
« Solo d’un revenant » (le seuil) de Kossi Efoui. (Togo) 
                                         2010
« Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire » (Serpent à Plumes) de Florent Couao-Zotti. (Bénin) 
                                         2011
« Photo de groupe au bord du fleuve » (Actes Sud) d’Emmanuel Dongala. (République Démocratique du Congo) 
                                         2012
« Notre Dame du Nil » (Gallimard) de Scholastique Mukasonga. (Rwanda) 
                                          2013
« Le terroriste noir » (Le Seuil) de Tierno Monénembo. (Guinée) 
                                          2014
« Ceux qui sortent la nuit » (Grasset) de Mutt-Lon. (Cameroun) 
                                          2015
« Terre ceinte » (Présence Africaine) de Mohamed Mbougar Sarr. (Sénégal)
                     ---------------------------------------------------
                      Prix des 5 continents de la Francophonie

2009                    Solo d’un revenant (Le Seuil) Kossi Efoui (Togo)
2010                    Terre des affranchis (Ed Gaïa) Lilian Lazar (Roumanie)
2011                    Si tu passes la rivière (Luce Wilquin) Geneviève Damas (Belgique)
2012                    Il pleuvait des oiseaux (XYZ) Jocelyne Saucier (Québec)
2013        Made in Mauritius (Gallimard) Amal Sewwtohul (Ile Maurice)
2014       Meursault, contre enquête (Barzakh) Kamel Daoud (Algérie)
                    ----------------------------------------------

                                LE PRIX FRANCE-QUEBEC

 . .       1998 - Bruno Hébert, C'est  pas moi, je le jure !

 .      1999 - Abla Farhoud, Le Bonheur a la queue glissante

·                    2000 - Christiane Duchesne, L'Homme des silences
·                    2001 - Micheline La France, Le Don d'Auguste
·                    2002 - Guillaume Vigneault, Chercher le vent
·                    2003 - Esther Croft, De belles paroles
·                    2004 - Jean Lemieux, On finit toujours par payer
·                    2005 - Jean Barbe, Comment devenir un monstre
·                    2006 - Sergio Kokis, La Gare
·                    2007 - Myriam Beaudoin, Hadassa
·                    2008 - Christine Eddie, Les Carnets de Douglas
·                    2009 - Marie-Christine Bernard, Mademoiselle Personne
·                    2010 - Michèle Plomer, HKPQ
·                    2011 - Lucie Lachapelle, Rivière Mékiskan
·                    2012 - Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux
·                    2013 - Marie Hélène Poitras, Griffintown
·                    2014 - Catherine Leroux, Le Mur mitoyen 
                                -----------------------------------------------------        
       
 
              

 Deux ouvrages de Françoise Têtu

Les visiteurs du blog

Publication C.F.B

Publication C.F.B
Pour en savoir plus: "classement thématique" du site