7 juin 2015

la venue d'Alexandre NAJJAR en Bourgogne à travers la presse

Alexandre NAJJAR, écrivain Libanais, a été l'invité du Centre Francophonie de Bourgogne, les 13 et 14 avril 2015 à Le Breuil (FRANCE).

Voici un aperçu des articles de presse, interviews ou comptes rendus de débats.
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Le Breuil. - L’écrivain libanais Alexandre Najjar sera à Saint-Sernin lundi 13 avril. 

le 09/04/2015 à 05:00  Journal de Saône et Loire (Valérie Julien)

Alexandre Najjar, écrivain, historien, scénariste et avocat, est né à Beyrouth et a connu la guerre. Il sera l’invité du Centre Francophonie de Bourgogne du Breuil, lundi 13 avril, à Saint-Sernin.


Alexandre Najjar, vous avez été, en 2005, le rapporteur de l’assemblée générale de l’Unesco qui a ratifié la convention sur la diversité culturelle. Pourquoi celle-ci est-elle si importante à vos yeux ?
       La convention de l’Unesco sur la diversité des expressions culturelles, adoptée le 25 octobre 2005, représente un contrepoids face à une mondialisation qui s’appuie sur une langue unique pour imposer une pensée unique. Les États-Unis ont voté contre cette convention : cela reflète bien leur volonté hégémonique.

Pouvez-vous vous exprimer aussi librement au Liban qu’en France ? Quel rôle peut jouer un écrivain de votre envergure dans votre pays ?
            Au Liban, nous n’avons jamais eu peur de dire la vérité. Des journalistes, comme Gebran Tuéni, Samir Kassir ou May Chidiac, ont payé très cher leur attachement à la liberté d’expression : les deux premiers ont été tués, la troisième a été mutilée par l’explosion de sa voiture. Mais ces crimes nous ont donné des motifs supplémentaires pour combattre l’occupation, l’obscurantisme et le fanatisme avec notre plume. Le Liban est sans doute le pays arabe où la censure est la plus clémente. Sans liberté, le pays perdrait sa raison d’être. L’écrivain ne peut changer le monde par ses textes, mais il peut être un éveilleur de consciences, un témoin.

La présence de la guerre du Liban est récurrente dans vos livres. Quelle est la situation actuelle du pays ?
            La guerre s’est théoriquement terminée en 1990, après quinze ans de destructions. La situation dans le pays est aujourd’hui assez calme, sauf à la frontière syrienne, où l’armée libanaise a pour mission d’empêcher les incursions des islamistes de Daech ou al-Nosra, venus de Syrie. Mais la présence d’un million et demi de réfugiés syriens sur le territoire libanais, vivant dans des conditions très difficiles, nous donne du fil à retordre. Ce que je regrette, c’est que certaines voix, notamment en France, commencent à défendre le président syrien Assad, qui a pourtant 250 000 morts et 5 millions de déplacés sur la conscience. Je déplore aussi le double jeu de certains pays comme la Turquie, qui feint de combattre Daech alors que les islamistes occidentaux et les armes ont transité par ce pays, ou les États-Unis, qui ne semblent pas pressés d’en finir avec Daech. Au sein de la coalition, la France me paraît sincère dans son action, mais elle est bien seule.

Laquelle de vos œuvres conseilleriez-vous ?
          S’ils aiment les romans historiques, Berlin 36 dénonce le racisme et le terrorisme intellectuel exercé par les nazis. S’ils préfèrent les romans intimistes, L’École de la guerre et Le Silence du ténor. S’ils lisent plutôt les biographies, Le Censeur de Baudelaire raconte l’histoire du procureur Ernest Pinard, un fou qui voulu interdire Les Fleurs du mal et Madame Bovary. S’ils aiment le Liban, Le Roman de Beyrouth et Le Dictionnaire amoureux du Liban , qui vient de paraître chez Plon. S’ils sont passionnés par les voyages, je leur recommande Les Anges de Millesgarden, qui emmène son lecteur à la découverte d’une autre planète : la Suède.
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Alexandre Najjar : «La francophonie est aussi un outil indispensable pour promouvoir la culture de la démocratie»
Le Jeudi 09 avril 2015 @ 14:17:15 Partager



Le Centre Francophonie de Bourgogne en partenariat avec Saint-Sernin du Bois propose lundi une rencontre débat avec Alexandre Najjar, écrivain libanais, poète, historien, scénariste, avocat et surtout défenseur de la Francophonie. Dans une interview, il se livre avec beaucoup de franchise.
  • «...Je déplore le double jeu de la Turquie qui feint de combattre Daech... ...Seule la France me semble sincère dans son action...»
  • «La France est porteuse des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité qui, en se propageant en Orient, peuvent améliorer le quotidien des populations locales...»

Le Centre Francophonie de Bourgogne qui fait découvrir les cultures francophones du monde entier sur le territoire, vous a invité à venir 2 jours en Bourgogne.
Vous serez à Torcy, le 13 avril 2015, après midi, et le soir à 18h30, à St Sernin du Bois.

De France, la situation au Moyen Orient paraît inextricable, comment vit le Liban dans ce contexte ?

         Le Liban est situé au cœur de ce Moyen-Orient qui est devenu un véritable champ de bataille. La situation y est relativement calme, sauf à la frontière syrienne où l’armée libanaise a pour mission d’empêcher les incursions des islamistes de Daech ou al-Nosra venus de Syrie. En revanche, ce qui nous donne du fil à retordre c’est la présence d’un million et demi de réfugiés syriens sur le territoire libanais. L’aide internationale étant insuffisante, ces réfugiés vivent dans des conditions très difficiles. Ce que je regrette, c’est que certaines voix, notamment en France, commencent à défendre Assad qui, pourtant, a  250 000 morts et 5 millions de déplacés sur la conscience, alors que le bon sens voudrait qu’on renvoie dos à dos le régime de ce dictateur et les fanatiques de Daech. Ce que je déplore aussi, c’est le double jeu de certains pays comme la Turquie qui feint de combattre Daech alors que les islamistes occidentaux et les armes ont transité par ce pays, ou les Etats-Unis qui ne semblent pas pressés d’en finir avec Daech dont le rôle n’est pas encore terminé… Seule la France me paraît sincère dans son action, mais a-t-elle les moyens de faire la différence toute seule ?

Vous êtes un fervent défenseur de la Francophonie (vous avez eu le  Grand Prix en 2009). En quoi la francophonie et la diversité culturelle sont-elles importantes pour vous, votre pays ?

             La francophonie n’est pas un avatar de la colonisation ou du Mandat français. Elle constitue un outil de dialogue et de communication entre l’Orient et l’Occident ; elle représente pour le Liban une ouverture nécessaire permettant une confrontation féconde des idées et une source intarissable d’enrichissement moral et intellectuel. La francophonie représente aussi une alternative à la globalisation sauvage qui menace les identités de chaque peuple et risque d’engendrer une standardisation culturelle en uniformisant les comportements et les modes de vie.
            Les francophones sont estimés à 175 millions de personnes à travers le monde. Le français, 9ème langue la plus parlée au monde est, avec l’anglais, la seule langue présente sur les cinq continents. Forte de cet atout, la francophonie a toujours milité pour la diversité culturelle qui est, en quelque sorte, sa raison d’être, et qui a été clairement consacrée par la Déclaration de Cotonou. L’OIF a d’ailleurs activement soutenu, dès le sommet de Beyrouth en 2002, la convention de l’Unesco sur la diversité des expressions culturelles, adoptée lors de l’assemblée générale du 25 octobre 2005 dont j’étais le rapporteur.
           Pour les pays du Sud, comme pour ceux du Nord, la francophonie, respectueuse des différences et des spécificités de chacun, apparaît ainsi comme un contrepoids face à une mondialisation qui s’appuie sur une langue unique pour imposer une pensée unique.
         La francophonie est aussi un outil indispensable pour promouvoir la culture de la démocratie et celle des libertés publiques, trop souvent foulées aux pieds dans nombre de pays en Orient. C’est dans cette perspective que la déclaration de Bamako a appelé au « renforcement des institutions de l’État de droit » au sein de l’espace francophone. Chaque langue est la fille de son histoire : la langue française, qui connut son siècle des Lumières, est, comme l’affirmait Senghor, « le fondement d’un humanisme » ; elle est porteuse des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité qui, en se propageant en Orient, peuvent améliorer le quotidien des populations locales, enseigner la tolérance, combattre le racisme et dissiper les tensions et les malentendus avec les pays occidentaux qui, de leur côté, devraient veiller à mieux respecter eux-mêmes ces valeurs qu’ils exaltent.
         Sur le plan artistique, il est évident que la francophonie, en favorisant les échanges entre les pays ayant le français en partage et en assurant une meilleure diffusion de leurs créations, peut également contribuer à instaurer un véritable dialogue interculturel entre ces pays-là. J’en veux pour preuve trois exemples : Le Salon du livre francophone de Beyrouth qui, chaque année, accueille près de 100 000 visiteurs ; le mois de la Francophonie qui, annuellement, en mars, propose une variété extraordinaire d’activités culturelles sous l’égide de l’Institut français et avec la participation de plusieurs ambassades de pays francophones ; et puis les Jeux de la Francophonie que Beyrouth a accueillis en septembre 2009 et qui constituent le cadre idéal pour une interaction culturelle entre les nations puisqu’ils réunissent chaque quatre ans de jeunes artistes de tous les pays francophones, appelés à concourir dans sept disciplines différentes. Plus encore que le volet sportif, le volet culturel de ces Jeux montre à quel point l’art est un vecteur de fraternité et d’échanges. La francophonie n’est donc pas une vue de l’esprit ou une coquille vide.
           En permettant le commerce des idées entre les pays ayant le français en partage, en favorisant les échanges entre les  artistes et les sportifs, en militant pour le respect des droits de l’homme, la francophonie contribue à bâtir des passerelles entre les différentes cultures dans le respect de leurs spécificités.

Dans L’école de la guerre et Le silence du ténor, vous parlez de votre père avec admiration, qu’était donc ce père ?

          Mon père, qui était avocat, était passionné par l’Histoire de France. Il admirait Napoléon et le général de Gaulle, et connaissait tout, absolument tout, à propos de ces deux personnages ! C’est lui qui, sans doute, m’a transmis ce goût de l’histoire qui m’a poussé à écrire, entre autres, des romans historiques ! Mon père a malheureusement perdu l’usage de la parole à cause d’une opération au cœur qui a mal tourné : c’est son histoire que je raconte dans Le silence du ténor, le plus personnel de mes livres, qui lui rend hommage et qui montre bien son optimisme en temps de guerre. Quand notre maison au Liban a été ravagée par treize obus, mon père n’a pas cédé au désespoir. Rassuré de voir que le cèdre du jardin, symbole du Liban, avait échappé aux explosions, il répondait à ceux qui déploraient la destruction de notre maison : « Oui, mais le cèdre est resté debout ! »
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Alexandre Najjar à St-Sernin : «Le droit de veto, c'est une absurdité»
Le Mardi 14 avril 2015 @ 03:18:05 



Il enrage de voir les conflits tuer encore et toujours... L'écrivain Libanais Alexandre Najjar était lundi soir à Saint-Sernin du Bois.

Il s'est auparavant confié à creusot-infos dans une interview sans langue de bois, c'est le moins que l'on puisse dire.


Le centre francophonie de Bourgogne en partenariat avec Saint-Sernin du Bois proposait lundi soir une rencontre débat avec Alexandre Najjar, écrivain libanais, poète, historien, scénariste, avocat et surtout défenseur de la Francophonie. Avant son échange avec le public il s'est confié à creusot-infos/

Qu’est-ce qui vous choque le plus actuellement dans l’actualité internationale ?
«L’indifférence de la communauté internationale face aux tueries dans le monde. On va commémorer le génocide arménien, on évoque régulièrement la shoah et à côté de cela, on n’est pas capable de porter secours aux populations menacées. La communauté internationale n’est pas à la hauteur. Je regrette la passivité. La Syrie c’est 200.000 morts, un million et demi de déportés. Y a-t-il graduation sur les vies humaines ? Pourquoi avoir dit et répété plus jamais ça, si c’est pour que ça recommence ?
Qu’attendez-vous de l’ONU ?
«Il faut en finir avec l’influence néfaste des Etats-Unis et des Etats qui usent de leur droit de veto. Car le veto, le droit de veto c’est une absurdité. Il faut supprimer, car autrement il y aura toujours deux poids deux mesures.
Deuxième priorité : Protéger les populations en Syrie ou en Irak contre Daesh qui veut ramener des pays et leurs populations au Moyen Age. Incontestablement l’ONU a été trop timorée sur le dossier syrien.
Troisième priorité : L’eau sur le continent africain. Aujourd’hui en Israël le dessalement est utilisé à bon escient. On peut le faire partout, partout on peut prendre l’eau de la mer et des océans pour produire de l’eau potable pour les populations. C’est un défi pour les années à venir. Mais il faut aussi lutter contre les gaspillages»


Quelles thématiques voulez vous partager ?
«Je veux d’abord dire que plus que jamais la francophonie est d’actualité. Elle est un instrument de dialogue.
Je veux aussi dire et répéter que le Liban c’est autre chose que la guerre. Le Liban, ce sont 17 civilisations, c’est là qu’a été inventé l’alphabet. Enfin je veux que chacun comprenne le poids de l’engagement dans l’écriture, et sa mission».
Recueilli par
Alain BOLLERY
                          
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