29 septembre 2023

La disparue du Haut Atlas (Le lys bleu édition) D' El Hassane Aït Moh (Maroc/France)

 

                La disparue du Haut Atlas (Le lys bleu édition)


 D' El Hassane Aït Moh (Maroc/France)

                 A priori, ce 4ème roman de l’écrivain marocain El Hassan Aït MOH, par ailleurs diplômé en anthropologie et sociologie (Lyon Lumière 2), pourrait être un voyage plein d’agrément tant par ses descriptions précises et attirantes que par le périple où il nous entraine au Maroc : le village de Tamara du Haut atlas, le col de Tichka entre Ouarzzazat et Marrakech et enfin la mythique Marrakech (La Koutoubia, la place Jamaa Lafna, le quartier Gueliz), mais, hélas, on ne saurait se méprendre, la disparue du Haut Atlas, nous plonge crûment dans un drame que moult femmes de par le monde subissent.

Le récit

                      Le village de Tamara est en fête ; une fille du village se marie. Tous les habitants seront invités et pourront faire bombance. Tout le monde a hâte. Mais catastrophe, la fête espérée, enviée, tourne court ; la future mariée, Zahra « fleur en arabe », une jeune ado, s’enfuit en cours d’habillement. Elle ne peut supporter que son père « l’offre » » au vieux militaire du village qui pourrait être son grand-père. Stupéfaction au village, affolement familial, scandale, honte.

                   Dans un Odyssée qui n’a rien d’un long fleuve tranquille, Zahra atteint bien le quartier Gueliz de Marrakech où habite sa sœur, chez qui elle compte se réfugier. Mais elle n’atteindra pas l’appartement de sa sœur ; agressée, violée, dans la rue ; elle se réveille à l’hôpital et quelques temps après, constatera sa grossesse.

              Autre déshonneur familial. Au Maroc comme partout, l’hymen est considéré comme un bien familial qui note la bienséance, honore la morale et surtout valorise le corps de la future mariée.

              Rejetée de ses parents, surtout du père qui se sent déshonoré aux yeux de tous, Zahra doit fuir à nouveau.

             El Hassane Aït Moh pointe du doigt le patriarcat aveugle, le mariage forcé, la névrose obsessionnelle de la virginité, les médisances gratuites, la curiosité maladive des voisins, la pression sociale persistante : comportements qui oppressent les femmes et en premier lieu les jeunes filles et fillettes.

          Mi roman sociologique, mi roman surnaturel, (Zahra deviendra pour les femmes du village, sainte Lalla Zahra avec son mausolée à l’entrée du cimetière du village).

            Quand l’oppression est insupportable, la croyance en une force surnaturelle rassure et permet d’aller de l’avant. Car tout être humain se trouve bien désemparé devant le mystérieux angoissant.

          Voici ce conte que nous offre l’écrivain marocain El Hassane Aït MOH.

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Hassane Aït MOH







 

22 septembre 2023

Nouvelle entrée d'ouvrages francophone au fonds du Centre Francophonie de Bourgogne

                 Voici les nouveaux ouvrages qui entrent au fonds francophone du Centre Francophonie de Bourgogne (Sept 2023)










16 septembre 2023

Le meurtre du Dr Vanloo (Robert Laffont) d’Armel JOB (Belgique)

 

            Le meurtre du Dr Vanloo (Robert Laffont)                          



                                 d’Armel JOB (Belgique)

             


             Qui a bien pu, ce dimanche après-midi, poignarder dans le dos le Dr Vanloo, chirurgien réputé, exerçant au Luxembourg et qui est venu habiter au presbytère de Fontenal, petit bourg des Ardennes belges ?

              Il faut dire que le Dr Vanloo additionne les conquêtes féminines, les unes après les autres. Pourtant le Dr Vanloo est marié à la jeune Candice, la fille, gâtée et insouciante de Durrieux entreprise. Mariage arrangé entre le père Vanloo et Mr Durrieux à la demande de ce dernier pour sauver son entreprise. Le couple Valoo vit à part ; lui, dans son presbytère ; elle, à Bruxelles, non loin de son magasin de vêtements féminins.

           Serait-ce Warland, ce brave vétérinaire, apprécié de tous et dont tout le monde loue sa gentillesse. Il aurait bien, pourtant, une raison puisque Lynn, son épouse et mère de leurs quatre enfants, va rejoindre le Dr Vanloo, chaque dimanche après-midi, depuis quelques mois ?

           Serait-ce ce Durrieux pour sauver son entreprise alors que Candice, sa fille, demande le divorce et n’aime pas ce mari imposé et lui préfère et de loin, Nicolas, un jeune photographe tout en franchise ?

           Serait-ce Nicolas pour se débarrasser de ce mari officiel, coureur de jupons invétéré ?

   Ce ne peut être la douce Alice Brasseur, la femme du paysan   du village qui lui fait son ménage, trois fois par semaine et la plonge le dimanche au restaurant Le Vieux Moulin.

         Voici l’écheveau que l’inspecteur Demaret va devoir démêler selon sa théorie du rond-point : explorer une voie l’une après l’autre.

         Armel Job, fin connaisseur de l’âme humaine, nous campe, à nouveau, des personnages plus que réels. Ce pourrait être tout un chacun, tant le romancier les dessine comme monsieur tout le monde, avec leurs soucis, préoccupations, manies, préjugés, leurs observations pas toujours amènes vis-à-vis des autres.

         L’inspecteur Demaret lui, apparait méthodique, observateur, culoté parfois, bousculant les personnes et humain à la fois.

          L’intrigue chemine entre l’inspecteur, la juge Vandewalle pressée de terminer ce dossier avant de s’envoler en vacances en Arménie ; elle la magistrate confirmée, agacée par cette jeune Sophie Lebrun, la toute nouvelle substitut du Procureur du roi, qui vient lui suggérer de modifier les attendus, alors que l’enquête est bouclée…

         Maniaque des détails en tout genre, pour déboussoler le lecteur, Armel Job nous balade au gré des personnages car chaque personnage, en fin de compte, aurait de bonnes raisons (que le lecteur ignore) d’être l’assassin du Dr Vanloo, ce dimanche après-midi.

          Un plaisir de lecture comme pour les autres romans d’Armel Job.

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3 septembre 2023

« Noir Liban » (Erick Bonnier édition) de Salma KOJOK (Liban/France).

 

    Le Centre Francophonie de Bourgogne (CFB) a lu et beaucoup

 aimé : « Noir Liban » (Erick Bonnier édition) de Salma KOJOK

 (Liban/France).







Voici un roman de belle littérature

     « Noir Liban » est un récit à deux voix d’un même parcours et une 3ème voix lancinante, en souffrance, celle d’un Liban chiffonné, déchiré, meurtri, d’où le titre.

      Le récit est construit en miroir. Maïmouna qui signifie « Heureuse » et « sous la protection divine » dans la langue locale de Côte d’Ivoire, se confie sur sa vie douloureuse, affectivement douloureuse, (écrit en italique) et en écho, Youssef, son dernier ami au Liban, complète son histoire, en relatant ce qu’elle lui a confié.

     Le récit progresse sur deux jambes et c’est le mérite de ce roman de changer de facettes, de points de vue.

     Triste destin que celui de Maïmouna. Née d’un père libanais, envoyé en l’exil en Côte d’Ivoire par sa mère pour le sauver, Maïmouna sera séparée de sa maman biologique africaine et, à 9 ans, son père l’emmènera au Liban pour la confier à sa mère. Elle ne verra plus sa mère et son père reviendra au pays dans un cercueil.

     Métisse, sa couleur de peau, la mettra à la marge de la société libanaise, heurtée en permanence par les regards, les paroles. La famille libanaise de son amoureux, Radwan, ne la voudra pas comme belle-fille et Radwan, un professeur pourtant évolué, cèdera.

      Après une enfance fracturée en Côte d’Ivoire, il lui sera difficile de trouver sa place dans un Liban lui-même en déliquescence que les Seigneurs de la guerre des 18 communautés confessionnelles ont mené au désastre.

Commentaires du CFB

Trois points ancrages émergent de ce grand roman.

-         L’histoire du petit Salifou affamé, voleur d’un jour, qui sous les yeux de la petite Maïmouna horrifiée, est battu et cette phrase émise par des adultes hantera à vie, Maïmouna : « C’est un Abed, il faut le battre ». Ces mots auront marqué l’auteure elle-même, Salma Kojok, née en Côte d’Ivoire, puisqu’elle y fait allusion dans ses deux précédents romans. « Maison d’Afrique « (Afabarre éd.) et « Le dérisoire tremblement des femmes » (Erick Bonnier éd.)

-         On notera la déchirure de Mariam, la grand-mère libanaise, une mère courage qui a élevé avec abnégation et amour, cette petite fille différente, qui a cru un temps sauver son fils et qui, finalement, le perd. Pathétique destin pour cette mère et grand-mère déterminée et qui sombre.

-         Enfin, Salma Kojok évoque à plusieurs reprises « le puits » des femmes (voir citations) et la poétesse québécoise Hélène Dorion, avance, elle, « la falaise » des femmes. Toute femme serait-elle en permanence au bord du gouffre ?

 On notera un procédé stylistique original. La dernière phrase des chapitres devient le titre du chapitre suivant.


Un excellent roman.

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(p.65) Toute femme porte en elle un puits. Le puits est là qui veille. Il suffit d’un moment de trouble et la voilà au bord du gouffre, c’est alors sans retour.

(p.85) Elle (Maïmouna) mettait des mots sur tout ce qu’elle voyait. Elle regardait le monde et immédiatement y posait un manteau de langage. J’avais l’impression de redécouvrir les mots, ce qu’ils font de nous, ce qu’ils disent de nos présences. Notre passion était cousue de ce tissu textuel. (c’est Youssef qui s’exprime)




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