14 juin 2015

Accueil de l’écrivain Malien, Ousmane DIARRA


         Le Centre Francophonie de Bourgogne a accueilli les 26/27 et 28 mai 2015, Ousmane Diarra, écrivain, conteur et, par ailleurs, bibliothécaire au Centre Culturel Français de Bamako (Mali).
Ousmane Diarra
         L’écrivain Africain a répondu à plusieurs interviews de la presse régionale que nous publions intégralement en annexe. Il a rencontré et échangé avec 3 classes de lycéens (100 élèves), du lycée Léon Blum du Creusot. Il a conté des récits de la tradition subsaharienne devant 4 classes maternelles (Langevin-ville de Montchanin) et (Michelet-Montchanin) :100 jeunes enfants et devant 3 classes élémentaires (Curie/Pasteur-Montchanin) :90 élèves.
Un conteur en action



Avec des lycéens



    




  



Romancier et témoin privilégié de son continent, Ousmane Diarra a rencontré aussi et surtout ses lecteurs.
D’abord, le mardi 26 mai à la Maison des Familles, à Torcy, qui s’est terminé par un léger repas pris en commun avec les participants, puis le jeudi 28 mai à la BM de Saint Léger sur Dheune (71 France). Rencontres-débats exceptionnelles tant par les propos de l’auteur que par l’intérêt et la qualité d’écoute des auditeurs, rencontres où Ousmane Diarra a pu s’exprimer librement.
Une des rencontre-débat, ici à la Maison des Familles à Torcy
       Il a expliqué la réalité africaine composée de peuples différents mais que l’histoire a mêlés. Il a abordé le problème d’un fanatisme religieux, le souci pour un Etat et les citoyens d’un islamisme violent et intolérant. Il a bien évidemment démontré les causes de cette inquiétante montée religieuse pas seulement de l’Islam, il y a aussi une poussée des Evangélistes.
      Pour lui, tout commence par le catastrophique ajustement structurel imposé aux pays africains par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Il a eu pour conséquence de pousser à la retraite des milliers d’enseignants, les plus expérimentés ! Et, par conte coup, de jeter à la rue, du jour au lendemain, des centaines de milliers d’enfants et de cloîtrer à la maison de très nombreuses jeunes filles. Les écoles coraniques ont pullulé avec des crédits souvent venus des Pays du Golfe, pour occuper ce flot d’enfants désoeuvrés avec les dérapages religieux inévitables que l’on connait.
 Bravo le gâchis des apprentis sorciers de la finance mondiale !!!!
      Le Mali est un pays laïc dans sa constitution, même si 90% de la population se dit musulmane. Le peuple Malien est un peuple pacifique qui pratique une religion tolérante et apaisée et cette forme religieuse d’autres berges perturbent l’équilibre social.
      On peut retrouver les idées d’Ousmane Diarra, à travers ses 3 romans, tous au fonds francophone à la BM du Breuil : Vieux Lézard, Pagne de femme et La route des clameurs, (Gallimard).
      Ousmane Diarra a impressionné ses auditeurs par son analyse méthodique et sûre, par son souci de démocratie, par l’amour de son pays et par son optimisme en les composantes de la société malienne.
    Comme il le dit et répète, il n’est pas contre la religion musulmane. Il est seulement opposé à un  islamisme violent. Dans une société équilibrée, toutes les religions ont leur place. Tout individu doit être libre de ses choix sans pression individuelle ou collective.
La démarche d’un sage !
     Au cours du mercredi après midi 27 mai, le Centre Francophonie avait organisé pour Ousmane Diarra une rencontre plus Bourgogne profonde. Un repas de midi chez un couple ami qui a ouvert un « accueil paysan » (il y en a 4 ou 5 au Mali) et le hasard a fait que la fin de soirée s’est achevée chez une ancienne universitaire franco-québécoise, Françoise Têtu, spécialiste avec Michel, son mari, des cultures francophones et grands avocats tous les deux de la francophonie, d’autant qu’ils ont reçu dans leur maison, à Québec, autrefois : Dadié, Senghor, Césaire, Damas, Kourouma, Hampâté Bâ et bien d’autres ! Des grands noms de la francophonie humaniste.
       Riche séjour d’Ousmane Diarra en Bourgogne.








Le Centre Francophonie de Bourgogne remercie Ousmane de sa venue et lui souhaite de belles productions, y compris pour la jeunesse. Et à son pays , le Mali, paix et développement.
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Ousmane DIARRA, écrivain Malien (Bamako) : «Avec les aternoiements de la communauté internationale, le risque de la disparition du Mali est revenu»
Le Jeudi 21 mai 2015 @ 12:09:45 Partager


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L'écrivain sera en Saône-et-Loire et au Creusot, à partir du mardi 26 Mai, pour plusieurs rencontres.



Ousmane Diarra sera l’invité, les 26/27/28 mai, du Centre Francophonie de Bourgogne, présidé par Claude Thomas. Il devrait rencontrer beaucoup de monde, des enfants, des lycéens, des adultes. Il s'est confié dans une interview.

L’écrivain malien Moussa Konaté, une des figures de l’Afrique contemporaine, décédé en 2013, est venu plusieurs fois au Breuil, en Bourgogne. C’était un habitué.
Dans son essai « ‘L’Afrique Noire est-elle maudite ? », il tentait de montrer les maux récurrents du continent. Que reste-t-il des messages de Moussa Konaté ? Pour vous ? Pour le Mali ? Voire l’Afrique ?

Ousmane Diarra : «Je puis dire que « L’Afrique noire est-elle maudite » est, en grande partie, issue de nos longues discussions, Moussa et moi.
C’est un livre qui nous invite, nous Africains,  à nous  interroger sur l’Afrique, sur le fonctionnement des sociétés africaines. Et Contrairement à ce que certains ont dû penser, il est loin d’être livre « afro-pessimiste ». Il pose plutôt les jalons d’un possible renouveau de l’Afrique, un renouveau fondé, non pas sur les sempiternelles lamentations sur notre passé –même si le dit passé reste pour beaucoup dans le retard du continent-, ce qui peut, des sociétés africaines, constituer des entraves au développement, à la modernisation de l’Afrique. 
Pour moi, c’est un livre important, qui invite à la réflexion, au changement de mentalités. Au Mali comme en Afrique»

Dans vos 3 romans : « Le vieux Lézard », « Pagne de femme » et surtout le dernier «  La route des clameurs », l’islamisme et l’intégrisme religieux sont des préoccupations pour vous. Quelles en sont les raisons ?
«Parce que j’ai vu venir cette radicalisation. J’ai vu les discours politique remplacés par les prêches, et j’ai vu ceux-ci devenir de plus en plus violents. Pour moi, tout cela n’est ni plus ni moins qu’une entreprise de colonisation du Mali et de l’Afrique, la plus dangereuse, car elle se fait par la conscience.
L’islamisme intégriste est donc non seulement une menace pour le Mali et l’Afrique, mais aussi pour toute l’humanité. Il suffit  qu’on imagine, aujourd’hui, avec toutes ces armes de destructions massives dispersées aux quatre coins de la planète, ce que peut être une guerre des religions. Merci».

Quelle est la situation au Mali aujourd’hui après le drame que vous avez vécu ?
«Il y a de l’espoir. Nous attendons avec impatience la signature des Accords de paix par les Groupes armés. C’est notre seul espoir. A défaut, nous serons obligés de nous battre, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences, dont la résurgence (en cours) des djhadistes. Le Mali a failli disparaître sous leur assaut meurtrier. Avec les atermoiements actuels de la communauté internationale, ce risque est revenu»
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                   Le journal de Saône et Loire

Torcy (71)   Ousmane Diarra : « Le Mali a foi en son avenir »

Le Centre francophonie de Bourgogne accueille Ousmane Diarra, écrivain malien, conteur et bibliothécaire à l’institut français de Bamako. Une conférence-débat est prévue mardi 26 mai à la Maison des familles de Torcy.

Dans quelles conditions avez-vous écrit votre dernier roman, La Route des clameurs ? Où puisez-vous cette énergie que l’on retrouve dans vos livres ?
En écrivant La Route des clameurs, j’étais en colère, meurtri dans ma chair et dans mon âme, révolté contre ce qui arrivait à mon pays. On voulait me le voler. On voulait me le prendre de force et faire de mon peuple un peuple d’esclaves. À coups de mensonges, d’impostures, de violence, d’humiliation, etc. Mon énergie, je la puise dans l’amour de la vie, l’amour de la liberté, l’amour de mon pays. Pour protéger mes enfants, je me suis retiré du centre-ville, à 25 km. Je ferme mes portes. Mes enfants, s’ils ne sont pas à l’école, sont à la maison avec les livres ou en train d’entretenir les arbres du jardin. J’ai interdit ma maison aux vendeurs de chimères.
La devise du Mali est « Un peuple, un but, une foi ». La foi musulmane est ébranlée face à la montée du djihadisme, du terrorisme. Comment protégez-vous vos enfants ?
La foi dont il est question dans la devise du Mali, c’est plutôt celle en l’avenir du pays, du peuple malien. Il s’agit de la confiance dans notre avenir collectif, un pays prospère. Il n’y est pas question d’une quelconque foi religieuse. La Mali est un pays laïc où chacun a le droit de pratiquer la religion de son choix. C’est ce qui est écrit dans notre constitution et que je défends. Mais il est vrai aussi que ce djihad que nous subissons n’a rien à voir avec l’esprit de l’islam que nous avions connu de par le passé.
Moussa Konaté (écrivain malien, Ndlr) était très important pour vous. Seriez-vous prêt, comme lui, à abandonner votre métier de documentaliste pour vivre de votre plume ? Les éditions Gallimard ont trouvé en vous un grand écrivain, peut-être vous l’ont-il proposé ?
Moussa Konaté ! Je peux dire que je suis son héritier spirituel. À Bamako, à Paris, à Limoges, nous passions des heures et des heures à parler du Mali, de l’Afrique, de l’humanité. Il n’était pas seulement un grand frère, mais un ami, un confident. Il va sans dire que, si l’occasion m’est donnée de vivre de ma plume, je n’hésiterais pas une seconde à le faire, à l’instar de Moussa Konaté.
Moussa Konaté avait l’ambition d’ouvrir des petites bibliothèques dans chaque école. En tant que documentaliste, cette ambition pourrait-elle être la vôtre ?
J’ai justement beaucoup discuté de ces petites bibliothèques avec Moussa Konaté. À défaut de pouvoir en ouvrir dans chaque école du Mali, je travaille déjà au projet de le faire dans les écoles de Nyamana, le grand quartier de la périphérie où je vis désormais.
Conférence-débat mardi 26 mai, à 19 heures, à la Maison des familles de Torcy. (Valérie JULIEN)
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LYCEE LEON BLUM : Ousmane Diarra s’est exprimé franchement sur le Mali
Le Mardi 02 juin 2015 @ 02:56:00 Partager


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Et il a partagé notamment une vision néfaste du radicalisme religieux.

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Ecrivain malien de Bamako, Ousmane Diarra avait été sollicité par le Centre Francophonie de Bourgogne pour venir parler de son dernier roman « La route des clameurs ». Un écrit, avec un contexte en toile de fond, qu’il a partagés lors de deux rencontres mercredi dernier, le matin au lycée Léon Blum devant des élèves de première année de CAP Coiffure et de seconde et terminale Esthétique, et le soir à la Maison des familles de Torcy.

De sa vie d’homme à celle d’intellectuel, Ousmane Diarra a échangé franchement avec ses interlocutrices et interlocuteurs. D’abord sur le père qu’il est, faisant tout pour que ses enfants grandissent sainement, lui qui a été orphelin dès l’âge de deux ans... Ensuite sur la lecture et l’écriture, lui ayant permis de « sortir de l’enfermement » et considérant les écrits comme des moyens de combattre l’intégrisme, le radicalisme religieux. Pour empêcher celui-ci de « travailler sur l’esprit ».
C’est notamment en ce sens qu’il a livré son point de vue sur la situation actuelle au Mali, et sur les dérives qui s’y sont développées depuis les années 1980...
« Revenir aux fondamentaux »
Vous dites que l’écriture est une arme. Est-ce la première raison de l’écriture de votre roman « La route des clameurs » ?
« Oui. Quand les deux tiers du pays sont occupés par des gens qui veulent nous effacer en tant que civilisation, je ne suis pas militaire, mais mon arme est celle de témoigner. »
La disparition de l’école publique est un danger là-bas…
« J’en suis le fruit, de cette école. A partir des années 1980 et les licenciements en masse dans l’enseignement pour satisfaire les ajustements structurels demandés par le FMI, le délabrement de cette école a eu pour conséquence l’invasion de l’espace de l’enseignement par des écoles coraniques, des écoles privées. Le manque de formation des enseignants a permis aux intégristes d’envahir l’espace public avant même de prendre les armes. Le religieux a pris une place plus importante que la politique. »
Comment selon vous la population malienne peut-elle repenser par elle-même ?
« C’est une question de s’assumer, d’oser. Ça passe notamment par les intellectuels, les artistes, les écrivains... De même que les politiques. Aujourd’hui, il n’y a pas assez d’audace, il n’y a pas assez de courage. Alors que nous devons rappeler des fondamentaux à la population malienne.
Ceux qui en font preuve sont ciblés comme des vendus à l’occident, donc la place de l’intellectuel devient difficile et beaucoup d'entre eux n’assument pas. Ils n’osent pas penser publiquement contre l’islamisme radical et l’intégrisme, par crainte pour leurs familles. »
Quel est votre sentiment sur la religion comme façon de penser ?
« Pour moi, ce n’est pas une identité. Elle ne doit pas être une identité. Or la tendance actuelle est préoccupante et elle est un vrai problème pour les populations. Dans ces pays comme le Mali où une majorité de la population est musulmane, les intégristes veulent imposer l’islam comme une identité alors que ça doit rester une croyance.
C’est aussi pourquoi ils s’acharnent contre les pensées traditionnelles qui ouvrent l’esprit des gens sur d’autres cultures et d’autres civilisations. »
Comment protéger les populations et les enfants de cet intégrisme religieux ?
« La meilleure manière est de revenir à l’école publique, républicaine, laïque et obligatoire. Au Mali, je pense qu’il n’est pas trop tard car la majorité de la population reste convaincue par ce système. Mais si ça tarde trop, les intégristes et leur radicalisme auront pris toute la place...
Il faut d’abord un assainissement politique, que les dirigeants du Mali prennent leur courage à deux mains, qu’ils arrêtent les discours démagogiques qui servent juste à instrumentaliser la population. Ils la rassurent pour être élus au lieu de faire face aux vérités. Il est question de conscience politique. »
D’un côté vous dites qu’il n’est pas trop tard pour retrouver de vraies valeurs, mais de l’autre vous vous montrez pessimiste ?
« Oui car il y a une confusion terrible... La démocratie c’est quoi ? La liberté de s’exprimer et la conquête du pouvoir sans violence. Par les arguments. Sauf que les intégristes en profitent aussi et qu’il faut faire attention. Car au final, leur objectif est bien de tordre le cou à la démocratie. »
Alix BERTHIER








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