20 novembre 2015

Laissez pleurer les chiens

Titre : Laissez pleurer les chiens
Auteure : Michèle Barbier
Editeur : Wallâda
Genre : Roman

              Intéressant roman qui nous plonge au cœur de la société allemande au moment de la prise de pouvoir des Nazis, à travers une famille Tzigane dès la naissance du jeune Strambus. Ils vivent en roulotte, gagnent leur vie difficilement grâce au petit cirque familial.
 Le récit
             Une sage femme allemande, de forte mauvaise humeur, car on la dérange pour intervenir chez des Tziganes, arrive au campement. Mais le bébé d’Alma et Bejjo est déjà là. Après ses protestations à la vue du bébé que l’on montre à qui veut le voit, en pleine air, elle repart après moult imprécations.
             Les hommes influencés par la propagande nazie omniprésente choisissent de l’appeler Adolf, espérant en retour, comme le Führer l’a promis, une garde-robe entière. Certes, on le nomme Adolf mais aussi Strambus qui lui restera.
            Sûrs qu’ils sont des vrais Allemands et pas comme les Juifs que l’on opprime, Beppo et Alfred, le beau frère, vont s’inscrire au parti mais on les refuse, leur sang n’étant pas pur….
Régulièrement Beppo s’adonne à la boisson, devient violent. Sa femme le craint, le fils plus âgé le rejette et Alma, sa femme se détache de lui sans l’avouer.
            L’Autriche absorbée, la Pologne occupée en 3 semaines. Le pays doit faire face à la déclaration de guerre des autres pays. Leurs chevaux sont réquisitionnés par l’armée ce qui les prive de leur travail et stoppent tout déplacement.
           Voilà Alfred et Beppo incorporés comme de nombreux Allemands. Alfred comme cuisinier. Prudent, il se fera tout petit en attendant des jours meilleurs. Beppo comme palefrenier, puis garde-chiourme dans un camp de prisonniers Polonais, homme set femmes. Bien que gardien, il aura tout à craindre du directeur, un Nazi convaincu et autoritaire mais aussi des autres gardiens. Tout le monde a peur et veut sauver sa peau.
 Au cours de son service, Beppo remarquera une prisonnière Polonaise, Olga, qui s’avèrera être une Tzigane et artiste de cirque. Une attirance naitra entre eux deux.
          Pendant ce temps, la famille, ce qui en reste : femmes, enfants et personnes âgées font face. Ils cachent leurs roulottes dans la grange d’un paysan. Mais ils doivent se faire discrets à cause du voisinage. Ils survivent comme ils le peuvent : cueillettes, ventes, braconnage et même un spectacle dans une caserne.
            Strambus grandit, aide la communauté selon ses moyens et sa facilité d’adaptation. (Chasse, pêche, braconnage qui lui vaudra des ennuis des paysans). Il a une attirance pour le feu. Il en allumera fréquemment, sans doute fasciné par les flammes, toujours surveillé par sa mère mais laissé libre, sans doute un besoin de s’exorciser d’incendie criminel dont il a été témoin !!!
           La paix revient. Les gens sont ruinés et le pays à genoux. La situation des Tziganes n’a pas changé. La société les classe à part. Les Voyageurs avec les Voyageurs et les Gadgés avec les Gadgés avec en plus une réalité qui éclate, le régime nazi a exterminé des centaines de milliers de Tziganes comme les Juifs.
          Alfred revient et reprend son activité comme avant. Beppo revient aussi, après un passage en Belgique où on l’a soupçonné d’être un nazi. Il est accueilli sans chaleur par sa femme et ses enfants. Il voit bien que son esprit est ailleurs. Quittant la communauté, ce qui est contraire aux usages, il laisse ses parents, ses enfants et sa femme et s’éloigne des siens. Il part à la recherche de celle qui sera désormais son soleil et l’artiste avec la quelle il veut briller.
           La communauté reprendra la route avec des chevaux défaillants vers Munich où les Américains se sont installés.
 Strambus s’entrainera aux numéros de cirque comme l’ont fait les générations précédentes continuant ainsi la tradition des Gens du Voyage.
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Citations
             « L espoir devenait impatient. Une irrésistible exigence le propulsa, sans plus attendre, vers l’est. L’est, le point où le soleil avait choisi de se lever » (p.239)
« Quelqu’un l’attendait, là-bas. Au-delà des distances et par-delà les obstacles, quelqu’un l’appelait comme une sirène, l’attirait comme un aimant… Abandonnant derrière lui ses doutes, ses regrets, ses nostalgies et son passé, il s’élança d’un pas glorieux vers sa propre renaissance » (p.240)

« Cette tragédie n’est pas terminée. Les Gitans continuent à gêner, à déranger, parce qu’ils sont différents »  in la préface de Gilles Costaz (p.8)
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Michèle Barbier, l'auteure
 L’auteure, Michèle Barbier est née en Algérie ; elle rejoint la France en 1962. Après des études en France, puis en Suède (Göteborg), elle enseigne en Suède. Mais la rencontre avec Joséphine Baker va changer sa vie.Chanteuse, comédienne, dramaturge, elle est attirée par le cirque après sa rencontre avec le dresseur de chevaux allemand, Adolf Lauenberger. Elle codirige d’ailleurs avec lui le cirque Aréna. Très active, elle travaille un temps à France 2, crée un festival carolingien et surtout met sur pied le gala de la presse qui fait la part belle au cirque. Elle se consacre désormais à la chanson, au théâtre et à l’écriture.
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Françoise Mingot-Tauran
L’éditrice : Françoise Mingot-Tauran, est agrégée de Lettres et docteure en littérature comparée. La Province l’attire et pourtant, elle doit enseigner à Dunkerque, puis en Bretagne pour enfin revenir dans le sud de la France. Elle sera par la suite coopérante enseignante au Sénégal et au Maroc. A son retour, elle crée à Bordeaux, les Editions Wallâda, à vocation libertaire, dont l’une des collections est consacrée à la parole tzigane. On notera que Françoise Mingot a mis sur pied deux expositions consacrées à ces peuples :
       « Ecrivains et peintres Tziganes en Europe » « Des camps de concentration à la guerre ».
Infatigable, toujours par monts et par vaux, son activité est débordante. Les planches l’attirent. Elle chante sous le pseudonyme de Françoise de Pascalin, des textes impertinents, voire insolents mais non dénués de drôlerie et de tendresse.
 Une grande avocate des cultures des Gens du Voyage.
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A noter que la collection consacrée à la littérature tsigane comporte des ouvrages qui nous ont marqués dont voici des titres et leurs auteurs :
« Il était une fois les Bohémiens » de Lick, un chanteur, compositeur
« Les chemins de l’arc-en-ciel » d’Esmeralda Romanez
« Pâni et le peuple sans frontière » de Poberto Lorier, une saga qui s’enrichira ultérieurement de 4 ou 5 autres livres
« Itsego : contes manouches » de Joseph Stimbach
« Djetty, la Manouche » de Jeannine Valignat
« Savina » et « Le prix de la liberté » de Matéo Maximoff
« « Le Niglo facétieux », une BD caricature de Ricardo
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