3 octobre 2016

            Après un voyage au Québec, voici une illustration du beau roman réussi de Francine Allard, romancière québécoise, par des vues prises sur les  lieux où l’action était censée se dérouler.
 Et cela donne au récit et aux personnages une autre dimension. Roman en 2 tomes que l’on a plaisir à relire. (Claude Thomas, président du C.F.B.)

Titre: *L'Heure Bleue
              1er tome de L'eau sur le papier
Auteure: Francine Allard
Editeur: Editions Les trois Pistoles-Québec
Genre : Roman

Après la saga très réussie, « La couturière », en 3 volumes, voici une autre saga, en 2 volumes cette fois, tout aussi bien écrite, de l’auteure québécoise d’Oka.
L’Heure Bleue, le 1er titre de l’eau sur le papier, nous conduit sur les chemins, ô combien ardus, de l’émigration italienne aux Amériques, au début de l’agitation fasciste mussolinienne.
L’histoire d’Adriano, petit émigré du Sud de la Péninsule, nous est racontée, tout au long du récit, par le biais de deux métaphores filées : l’aquarelle et L’heure Bleue, le parfum de Guerlain. Métaphores bien choisies si on les identifie à la fragilité et à la légèreté de la vie.
Le récit. Le petit Adriano, tour à tour abandonné par son père, puis par sa mère, est élevé et choyé par sa grand-mère maternelle, Atoniana, appelée Nona. Mais le petit et sa grand-mère doivent quitter précipitamment leur pays pour échapper aux poursuites des autorités. En effet, Fabrizio, l’oncle admiré du petit Adriano, sans doute un agitateur et contestataire social, est recherché par la police.



Au lieu de se fixer à New York comme prévu initialement, les deux fugitifs, s’installent à Kamouraska, au Québec, à l’embouchure du St Laurent. La vie au village se déroule plus calmement mais non sans difficultés.
l'église de Kamouraska où Adriano et Jeanne-Mance se rendaient

Le magasin général de Kamouraska


Les environs de Kamouraska
Bien qu’entouré d’amour par sa Nona, le petit émigré éprouve le besoin de se lier d’amitié avec une petite voisine, Jeanne-Mance et on les verra toujours ensemble : amour d’enfants ? Amitié ? Simple attachement affectif ? Ce lien restera indélébile, tout au long de l’histoire.
Francine Allard, avec son habituel talent, nous mène, tambour battant, dans une vie pleine de rebondissements (mort de la grand-mère bien aimée et dernière attache familiale, cours aux Beaux Arts de Montréal, mariage, deux enfants, perfectionnement à Paris, retour à Montréal, le bonheur, l’amour de ses filles, mais nostalgie du passé, du petit village de son enfance et souvenir lancinant et idéalisé de l’oncle). Et retour fréquent à Jeanne-Mance, confidente, par lettre ou visites.
le cimetière de Kamouraska où est enterrée la Nona, grand'mère d'Adriano




le bord du Saint Laurent où Adriano et Jeanne-Mance voyaient s'envoler les oies blanches ou les outardes
C’est un beau roman. Francine Allard sait nous montrer les gens de l’intérieur (leurs expériences, espérances, souffrances, passions ou sentiments).
Un roman fort, prenant, qui plaira aux lecteurs de cette auteure de la Belle Province.
Mais que nous réserve le tome II, intitulé «L’Enfer de Diderot » ? Car des allusions à l’auteur du Siècle des lumières sont récurrentes dans L’Heure Bleue. Sans doute des surprises !
                                      --------------------------------------------------------------------------------

L’enfer de Diderot  (Tome II de « De l’eau sur le papier »)
  Auteure : Francine Allard
  Editeur : Les trois pistoles (Québec).
  Genre : roman 
 Le tome II « De l’eau sur le papier », intitulé « L’enfer de Diderot », est un grand roman à plusieurs titres.
-         Il nous trace le destin d’un artiste, Adriano, aquarelliste en l’occurrence, qui, malgré les aléas de la vie, est tendu vers un but, un idéal pour lui : être célèbre. Et qui n’hésite pas à tout quitter pour parcourir le monde.
-         L’ enfer de Diderot a le mérite, aussi,  de nous faire découvrir les grands artistes québécois du XXème siècle, les Borduas, Riopelle, Paul V. Beaulieu, Dyonnet, peu connus ou inconnus, en dehors du Québec. 
     A noter que Francine Allard est aussi aquarelliste….
Une aquarelle de Francine Allard
         Enfin, Francine Allard tente de donner une signification à l’absence du tome VIII de l’Encyclopédie. 
    Habilement, ce grand auteur québécois, relie ce mystère à un fantasme/fixation, mi sacré mi pathologique, qui resurgit et pollue notre époque. Elle suppose que ce tome parlait de l’hymen, source de tant d’ignorance, d’horreurs, de pressions sociales et d’interdits religieux. Pratiques pourtant d’un autre âge qui prennent en otage le corps des femmes et aliènent leur liberté. 
      Francine Allard suppose que les auteurs de l’Encyclopédie, se basant sur l’anatomie, avançaient que

Francine Allard s'entretenant avec Mme Badia, la documentaliste de l'écomusée du Creusot (France) des raisons de la disparition du tome VIII, à gauche Michel, le mari de Francine.
l’hymen pouvait ou ne pouvait pas exister, contredisant par là même, les assurances de la Religion  et mettant à mal le dogme de la virginité de la Vierge Marie, ce que des moines, gardiens de la Doctrine, ne pouvaient admettre.

L'écomusée du Creusot (France) qui possède l'Encyclopédie Diderot

Francine Allard consultant l'un des tomes de l'Encyclopédie







Ceci dit, dans le 2ème tome de cette saga,  l’auteur mène rondement l’histoire d’Adriano et de ceux ou celles qui vivent autour de lui: rebondissements imprévus et frustrants, femmes aimées que l’on quitte tout à coup, coups de foudre soudains où « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » (Pascal), sauvetage de ses  deux filles, présence inquiétante de la pieuvre mafieuse Montréalaise qui rôde, affres de la création et voyage dans des lieux mythiques de l’histoire artistique, à Vence, Saint Paul, Biot, Antibes et retour familial et triomphale, à Naples. Sans oublier le fil conducteur de la femme référence et que l’on retrouve à la fin du livre, quand la boucle de la vie se referme.

 Autre intérêt pour le lecteur, des réflexions humanistes de l’auteur :
      « On n’est jamais responsable de l’hérédité (au sens large), qui nous est imposée » (p.160).
      « On ne doit jamais tout à qui que ce soit » (p.214) 
     « Peu importe l’âge des enfants, la séparation des couples laisse toujours d’étranges séquelles  dans leur vie » (p.248)

    « La vie nous charrie sur son dos sans jamais nous avertir » (p.268).

Un beau roman où la fiction amplifie et embellit le réel, qualité des vrais écrivains. N’est-ce pas le célèbre artiste américain, Jakson Pollock, qui disait « Dans la peinture, je cherche une autre vision du réel »?  Francine Allard fait de même avec sa plume. Une saga que l’on lira avec plaisir. 

 





Aucun commentaire:

Les visiteurs du blog

Publication C.F.B

Publication C.F.B
Pour en savoir plus: "classement thématique" du site