28 novembre 2018




                       Une femme que j’aimais
                                         D’Armel JOB (Robert Laffont)

                                       
                 Superbe roman, mi policier mi thriller, à la Simenon, mais en plus psychologique.
 Le récit
               Claude, jeune aide-pharmacien, à Charleroi, célibataire, reste très attaché à sa tante, la belle Adrienne.  Adrienne, née Vanhout, est l’épouse de l’oncle André Jansens, le frère du père de Claude. André aujourd’hui décédé, tenait une boucherie charcuterie, aidée au comptoir par sa femme Adrienne.
              André Jansens, ancien baroudeur, soldat en Corée l’avait épousée, contre toute attente, malgré de nombreux prétendants, plus ou moins déclarés.
             Claude a pris l’habitude de rendre visite à sa tante, chaque semaine, dans sa grande maison, la Villa Circé. Adrienne aime ce neveu qui ne l’a pas oubliée. Julie et Philippe, ses propres enfants la délaissent et les parents de Claude voient d’un mauvais œil ces visites régulières. C’est que le passé est lourd de sous-entendus. Les femmes la mère de Claude et Adrienne ne s’apprécient guère.
               Or, lors d’une visite hebdomadaire, sa tante ne vient pas l’accueillir comme à son habitude. Et pour cause, elle git inanimée dans sa cuisine. Il relève le corps, l’installe sur une table, elle a la nuque brisée, (mais il ne le remarque pas tout de suite), et appelle sa mère. Mais dans son esprit un doute subsiste : chute mortelle ou assassinat ?
              Sa mère surtout, le dissuadent de signaler ses doutes à la police car il serait le 1er accusé.
              Il se rappelle alors, que, lors d’une visite, sa tante lui avait dit vouloir lui confier un secret. Secret qu’il ne souhaitait pas entendre pour ne pas entrer dans l’intimité de sa tante. Mais désormais, il s’interroge et décide de chercher quel était ce secret.
             Après l’enterrement, commence sa propre enquête. Et il va aller de surprises en surprises.
             Les remplaçants de son oncle à la boucherie, surtout, l’épouse, la soupçonnaient d’avoir un amant, un modeste électricien, qu’elle allait voir tous le vendredis après-midi, un certain Colbers. Après contact avec l’ancien serveur du café, Norbet  Bonami, aujourd’hui en maison de retraite, et vérification auprès de la veuve Colbers, qu’il a dénichée, le mari n’avait pas d’amante.
             Entre temps, sa cousine Julie, lui remet une grosse enveloppe d’Adrienne. Et à l’intérieur, les lettres d’amour qu’il y découvre, orientent ses recherches.
             De fil en aiguille, Claude apprend que sa tante a aimé passionnément un mineur Italien, le beau Calogero et qu’il logeait chez une dame, une certaine madame Potelle.
            Adrienne a été mère à 17 ans ; son père l’a éloignée du domicile parental, pour éviter le scandale. Elle a été accueillie chez la sœur d’un prêtre, le père Paul, ancien enfant juif converti, dont les parents sont morts lors de la Shoah.
           Le père Paul est adulé par les gens. Il est dévoué, généreux et a beaucoup aidé les familles de mineurs lors de la grande catastrophe où a péri, hélas, Calogero. Mais il découvre aussi un personnage trouble, à plusieurs facettes.
           Claude apprend qu’Adrienne se faisait aussi appeler Angelina. Qu’elle avait fréquenté, comme ses parents, la JEC/JOC animée par le père Paul. Que tout le monde était attiré par la beauté d’Adrienne, son père, son oncle et même le père Paul.
            Petit à petit, Claude découvre qu’Adrienne/Angelina avait une fille, Nadine, un amour de Calogero, aussitôt retirée à la naissance et adoptée par les époux Colbers.
            Le soupçon de meurtre demeure. Qui est l’auteur ? Son propre père ? Une femme jalouse ?
            Il rencontre Nadine, la fille d’Adrienne qui s’est éloignée de Charleroi et de ses parents adoptifs et qui, visiblement, a tiré un trait sur son passé encombrant. Claude découvre enfin comment est morte Adrienne.
           Armel Job tisse son action en entremêlant l’histoire de la Belgique, en analysant en permanence le comportement secret de chaque personnage, en pointant du doigt, les haines, les amours, les passions, les souvenirs, la nostalgie, les regrets, les doutes. Il excelle à décortiquer les codes sociaux de l’époque et discute le comportement des institutions d’alors, dont celui de l’Eglise.
            Et pour court circuiter l’intuition du lecteur, Armel Job va même imaginer de fausses pistes.
           Roman de grande qualité, palpitant. Style agréable.

L'auteur parlant de son dernier roman au lycée du Creusot

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Citations
             « La mort des autres nous fait songer à la nôtre » (p.18)
« L’opprobre d’un jour, c’est comme une marque au fer rouge, ça ne s’efface pas » (p.20)
            « Quand on a trouvé une solution à un problème, on ne se fatigue pas à en chercher une autre » (p.32)
« La vie, quand on y pense est totalement dépourvue d’imprévus » (p.49)
 ut aller chercher. » (p.83)
             « La douleur nous enferme dans son horrible présent. L’avenir nous est alors indifférent » (p.162)
(Que faire) « Devant la détresse de ceux qui n’ont que la superstition comme réconfort » (p.199)
          « Les curés disent qu’il n’y a pas de foi sans les œuvres, mais il y a des oeuvres qui se passent allègrement de la foi » (p.205)
« On ne désire rien si fort que ce qui est refusé » (p.256)
           « Autant le malheur est résistant le plus souvent, autant le bonheur ne tient qu’à un fil » (p.256)
« On est plusieurs personnes successives dans la vie. L’adulte en qui on se transforme fait bien des fois regretter aux parents l’enfant dont il est issu » (p.264)
           « Les enfants n’ont pas à demander raison des actes de leurs parents. Les parents ont vécu, les enfants feront de même, de leur mieux » (p. 277)
           « Une mère naturelle reçoit son enfant, une mère adoptive l’acquiert » (p.278)
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