Passagères
de nuit (Sabine Wespieser)
De Yanick LAHENS (Haïti)
Stupéfiant,
ce beau et grand roman « Passagères de nuit » (Sabine
Wespieser) de Yanick LAHENS (Haïti).
Beau par le style travaillé, et
grand par ce fil historique qui relie les affres du passé à la lutte
silencieuse de ces deux femmes.
Un fois le livre, en deux parties,
refermé, une image s’impose au lecteur. Une sorte de halo lunaire, comme si ce
récit se déroulait au milieu d’une lune gibeuse.
Et de cette semi obscurité surgit
deux figures de femmes : Elisabeth et Régina, deux résistantes
silencieuses et déterminées.
« Passagères de nuit »
est une métaphore, en image triple : le sort de ces femmes, souvent
abusées, dans les cales sombres des bateaux négriers, Haïti malmené par le
destin violent, depuis des siècles et enfin, la vie des femmes noires ou
métisses au sein des sociétés esclavagistes ou post esclavagistes.
Malgré tout, des halos d’espoir. Une
résistance silencieusement opiniâtre et le désir chevillé au corps de ne jamais
se soumettre au désir d’un homme.
Comme soutiens : « le
mouchoir-ciel », sorte de protection symbolique à laquelle on croit et
l’attachement aux forces invisibles, mais salvatrices du Vaudou, comme des
potomitan, dans un présent sombre.
Il faut lire et relire « Passagères
de nuit » où le style, l’histoire et les mots forment cette image de
halo.
Deux femmes en lutte silencieuse qui
s’émancipent « entre ciel et eau, force et foi » (p.119). Un
plaisir de littérature
Citations
(p.212)
Le courage des vaincus prend racine dans l’invisible, l’humide, le noir de la
terre. Ma vie entière a été un pied de nez aux vainqueurs.






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