10 mars 2015

Le jardin des pleurs

Titre : Le jardin des pleurs
 Auteur : Mohamed Nédali (Maroc)
 Editeurs : Le Fennec (Casablanca) et  de L’Aube(France)
 Genre : Roman

         Mohamed Nédali, l’écrivain marocain de Tahannaoute, ville proche de Marrakech, continue d’ausculter, dans ce 6ème roman, la société marocaine contemporaine.
         Ce roman aurait pu s’intituler « le jardin des fleurs », terme plus poétique, puisque, c’est bien dans un jardin autrefois magnifique, mais désormais dévasté, que les deux personnages du roman, se sont rencontrés, à l’époque de leur lycée.
Mais entrebâillons la porte de l’histoire.
                       Driss, le garçon, réussit, sans gloire, le baccalauréat à la session de rattrapage. Il lui faut se choisir une orientation. Ses proches lui conseillent la fonction publique, plus sécurisante. En fin de compte, il opte pour l’école d’infirmiers. Ses résultats étant légers, le fonctionnaire de l’école qui connaît son père lui conseille de se faire « pistonner » pour passer le concours d’entrée en faisant intervenir une personnalité moyennant pots-de-vin. Il réussit le concours grâce à une argutie pseudo-religieuse qui lui vaut une belle note.
        Piston pour passer le concours et piston pour être affecté, 3 ans plus tard, dans l’établissement le plus proche de son domicile. Pratique qui semble comme une seconde nature pour bien des Marocains qui en ont les moyens.
        Quoi qu’il en soit, Driss rejoint le service hématologique du CHU Hassan Ier. Service dirigé par un professeur, genre touriste, qui fait chaque matin son petit tour de service, « mate » les jolies infirmières, mais, dramatique, aucun malade ne sort guéri de son service.
        Driss effectue son travail comme les autres personnels, assure ses tours de garde et construit son foyer après avoir épousé, Souad, l’ancienne camarade du lycée du jardin des pleurs.
        La vie de couple suit son chemin. Elle semble prometteuse. Souad, après des études en hôtellerie, est embauchée dans un grand hôtel-restaurant de Marrakech. Mais, un soir, le commissaire de police de la ville, mi-chérif, mi-macho, mi-Dieu tout puissant, pince les fesses de la jeune serveuse qui se rebiffe et ce malotru lui flanque une paire de claques devant tout le monde.
       Dès lors tout s’enchaine. : surenchère des syndicats pour défendre « l’opprimée », entrée en scène de l’avocat du syndicat choisi, qui se fait déjà une gloire de régler cette affaire rondement, faux témoignages, pression de l’hôtel pour étouffer l’affaire craignant pour son chiffre d’affaires et sa renommée, brimade puis licenciement de l’employée peu docile, conseils multiples et divers pour retirer la plainte, intimidations policières  et procédés mafieux du commissaire en personne.
      Le couple ne lâche pas, se sent seul, doute, se heurte à un mur d’autant plus que le procès est renvoyé de mois en mois, le commissaire ne se présentant pas. Souad tombe malade et le drame prévisible arrive. Un couple brisé. Un bonheur promis anéanti. Le commissaire ne sera jamais poursuivi, le système le protégeant.  
        A la lecture de ce roman au style agréable, une immense indignation s’empare du lecteur.
        Mohamed Nédali met le doigt, avec justesse, sur les travers de la société marocaine, met à nu le cancer qui ronge inexorablement une société qui foule aux pieds les Droits de l’Homme les plus élémentaires.
       L’auteur, en témoin objectif, montre avec lucidité et sans pleurnicherie, les dangers qui guettent une société corrompue où les passe-droits et le bakchich l’emporteraient sur l’effort, le mérite et la compétence.
       Depuis « Morceaux de choix », le 1er roman, en passant par « Triste jeunesse », le 5ème ou « La maison de Cicine », le 4ème, Mohamed Nédali  dénonce, sans relâche, les us et coutumes de son pays (Hauts responsables suffisants, petits fonctionnaires méprisants ou couards, religieux obtus et autoritaires, justice dépendante, corruption trop fréquente…), avec l’espoir ardent, que ce beau pays, son pays, le Maroc, deviendra un jour, une nation pleinement démocratique. Par respect pour les sans-voix, les sans-grades, bref les petites gens auxquels l’auteur veut redonner leur dignité.
                                   La marque d’un écrivain authentique.

Citation :
        «  Longtemps je me suis demandé si le chemin qu’un homme emprunte ici-bas n’est pas tracé à l’avance, si ses pas ne sont pas guidés par quelque force surnaturelle. Des croisements, des rencontres et des connexions surviennent dans notre vie sans que l’on sache comment ni pourquoi. Parfois même, ils ont l’air si naturel qu’ils ne nous étonnent même pas, et n’étonnent pas non plus ceux qui nous entourent. » (p.35) 

Courte présentation
Mohamed Nédali sur "ses terres"
 Mohamed Nedali est né à Tahannaoute en 1962, dans une famille de paysans démunis. Après des études secondaires à Marrakech, il complète sa formation en France (licence en lettres modernes ainsi qu’un diplôme de Cycle spécial à la Faculté des Lettres de Nancy II). 
 Professeur de français depuis 1985, il enseigne aujourd’hui au lycée de Tahannaoute. Mohamed Nédali est invité un peu partout en Europe.


Lors d'une rencontre-débat au grand café de la Poste à Marrakech en 2013


Bibliographie de Mohamed Nédali


Prix de la Mamounia

Le 1er roman de Mohamed Nédali



Un roman plein d'humour
Tiré d'un fait réel

Dramatique













  

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