16 septembre 2025

« Il fait nuit chez les Berbères » (L’Aube) de Mohamed Nédali (Maroc)

 

Le Centre Francophonie de Bourgogne a lu et aimé : 

                      « Il fait nuit chez les Berbères » (L’Aube) de Mohamed Nédali (Maroc)










                 « Le temps du livre est élastique, nous dit Ananda DEVI, dans « La nuit s’ajoute à la nuit », on est dans un ailleurs et pourtant autre… qui nous enveloppe », c’est bien cette impression que nous donne, la lecture de ce 10ème roman de Mohamed NEDALI.

                   Nous voilà plongés, à Tizi Oundame, un village enclavé, du Haut Atlas marocain ; des maisonnettes en pisé, quelques lopins de terre, des chèvres, des paysans démunis. Et pourtant la vie va son chemin.

                  Omar, un jeune du village, se retrouve bien seul, au décès de sa mère aimante et au remariage rapide de son père.

                 Avenir bouché, froideur de la nouvelle femme du foyer, mieux aller gagner sa vie ailleurs. Marrakech, Casablanca, Rabat ; Terminus : bidonville de Salé. Case partagée, travaux pénibles, salaire de misère. L’avenir s’annonce sombre.  Mais la lumière, Allah est grand, survient d’un certain Abou Merouane, cadre de la Mouvance, roulant en Mercédès et habitant les quartiers huppés de Salé.

               Charité de la mosquée, emploi dans un magasin de bondieuseries de la Mouvance et Omar, reconnaissant, accepte de s’instruire aux Saintes Vérités. Abou Mérouane est efficace et voilà Omar iman. Envoyé illico, en mission dans son village.

             Flattés, les habitants de Tizi Oundame, organisent une fête avec chants, poésie, danses et festin. Tizi Oundame, ne veut-il pas dire en berbère « Le col du poète » ! Joie en perspective. Mais, poésie, chants, danses étant Haram, Omar décline ces manifestations impies, contraires à la charia et invite les habitants à la mosquée. Etonnement des gens mais, enfant du pays, iman en plus, la prise en main s’opère inexorablement. Prières obligatoires suives de prêches en longueur, abaya pour les hommes, voile pour les femmes.

          La majorité se soumet, refus de quelques familles, plus évolués, hostiles à cet endoctrinement. Surtout la belle, Zineb Ayour, la seule à être allée aux portes du lycée. Si belle que les hommes du village fantasment sur elle. Elle a d’ailleurs refusé la demande en mariage du nouvel iman. Elle veut vivre libre, s’habiller comme elle l’entend, danser, chanter si ça lui dit. Et se marier avec qui elle veut.

             Le village se fracture, les gens s’évitent. De guerre lasse, les familles qui refusent, partent s’installer en contre bas et construisent un nouveau village. L’iman Omar fustige ces récalcitrants et, vociférant, leur promet le châtiment suprême et éternel, en l’au-delà.

             Un châtiment, réel celui-là, viendra du terrible tremblement de terre qui rasera Tizi Oundame et engloutira une grande partie des villageois.

              L’iman Omar sera l’un des rares survivants…

            Pour connaitre la solidarité des habitants du nouveau village, tous épargnés, et le sort réservé à l’iman de la Mouvance, il faudra lire ce roman, agrémenté d’humour.

             Style incisif, descriptions mordantes voire assassines, rejet familial, misère, désespoir, vies bouchées, obscurantisme religieux, roman réaliste qui nous plonge dans une actualité dont on connait les dérives.

          Regard lucide du « Zola » marocain.

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